Aubrac 2 - Rochers et burons -
Ces montagnes sont-elles belles ?
Je ne sais pas trop.
D'où vient leur pouvoir sur l'esprit ?
Non de leur hauteur.
Rien de prodigieux, de vertigineux, de grandiose, d'inaccessible.
De leur ampleur peut-être...
de leur dépouillement.... ?
Prairies d'altitude qui déroulent leurs draperies jusqu'à l'horizon,
qui descendent dans les vallées,
ou montent entre des rochers isolés,
entre des morceaux de forêt,
parfois interrompues par des falaises basaltiques qui, en s'effondrant,
ont créé des pierriers, des éboulis de roches....
Impression parfois d'être sur une autre planète,
ainsi près de Nasbinals, en ce lieu nommé "la lune".
Impression que ce ne sont pas de vraies montagnes.
Plutôt une plaine bouleversée,
égarée pour une raison mystérieuse,
propulsée dans le ciel,
plus proche de l'espace que de notre planète.
Tout n'est pas volcanique dans ce paysage.
On trouve aussi du granit :
vestiges de l'ancien socle hercynien.
Par exemple ici, dans cette zone dite "la lune",
où les glaciers quaternaires ont raboté les rocs,
en ont adouci les formes,
leur donnant l'aspect d'un immense troupeau de moutons.
Que ces prairies, disons plutôt ces zones herbues,
plutôt maigres et austères en général,
malmenées par les vents,criblées de rochers,
parsemées de tourbières où officient les plantes carnivores,
drosères, grassettes,
et où les sphaignes font des prodiges pour retenir l'eau,
que ces zones soient devenues des pâturages
où de gros animaux mènent une vie totalement sauvage
pendant 5 mois chaque année,
ajoute sans doute une touche de mystère à la région.
Ces troupeaux, en apparence paisibles,
mais il ne faut pas trop s'y fier,
évoquent pour nous, visiteurs occasionnels,
d'une façon symbolique,
une autre façon de vivre.
Une façon de vivre qui serait centrée sur des gestes simples,
dans une ambiance de repos, de silence, de contemplation.
C'est tout à fait subjectif, mais on pourrait même imaginer
que ce mode de vie génère une certaine jouissance d'être,
tout simplement.
Les burons, isolés, nombreux, répartis sur tout le territoire,
mais ayant tous cessé d'être utilisés selon leur vocation primitive,
la fabrication de la fourme,
font désormais partie de l'histoire.
Un seul semble-t-il tente de perpétuer la tradition :
traite des vaches, fabrication du fromage,
et culture de la pomme de terre,
la réunion finale de ces deux éléments
aboutissant à la confection de l'aligot.
L e voici, "protégé" par son arbre.
Plus loin, le troupeau qu'il faudra aller chercher pour la traite.
Les normes hygiéniques modernes ont fait disparaître cette pratique.
Mais pas seulement :
la vie des "buronniers" était particulièrement rude.
Ces temps sont bien révolus.
Les troupeaux ne sont plus traits.
Les veaux s'en chargent.
Et la production est maintenant centrée sur la viande.