Promenades philosophiques - 10 - L'importance de la féminité -
Vous êtes toujours là ?
Ouf !
J'avais peur que vous foutassiez le camp !
O K .... nous allons essayer d'être plus rapides
et de relire, ce jour, toute la seconde strophe !
Et elles menaient mon char,
et les Vierges m'indiquaient la route.
De chaque côté tournaient et m'entraînaient les roues,
et l'essieu dans les moyeux
chauffait
et criait comme crie une flûte ,
lorsque les Filles du Soleil , pour me guider,
ont abandonné les demeures de la Nuit,
ont écarté de leurs mains leur voile sur leur tête,
et vers la lumière
m'ont conduit.
Et elles menaient mon char,
et les Vierges m'indiquaient la route.
Les vierges.
à nouveau des êtres féminins interviennent
pour aider à la progression de notre voyageur.
L'homme (masculin) s'imagine volontiers que c'est lui le maître,
qui décide de tout, et réalise tout par sa force virile.....
Pour un peu... c'est lui qui ferait tourner le monde.
En tout cas il se croit seul maître de son destin.
Quelle foutaise !
Ce n'est pas ce que nous laisse deviner Parménide.
L'escorte féminine qui intervient maintenant
établit comme une atmosphère de douceur,
de protection vigilante et tendre,
"d'attention bienveillante " (chère aux psychanalystes)
une attitude maternelle, en quelque sorte.
De plus ce sont des vierges,
ce qui est une façon de nous dire que la sexualité
ne joue pas de rôle dans l'affaire
et que cette réflexion s'établit bien au delà du sexe.
Arrive maintenant, étrangement, une petite description mécanique.
Quel peut en être l'intérêt ?
Il est majeur.
Ce voyage que décrit Parménide (sur le dos des cavales)
n'est pas une spéculation purement "métaphysique"
qui se situerait dans le monde éthéré des idées abstraites.
Il décrit l'aventure humaine la plus essentielle.
Or l'âme n'est pas séparée du corps.
Elle est le corps.
Elle et le corps ne font qu'un.
Quand une personne s'engage dans cette aventure
qu'est la plongée en soi-même,
elle ne le fait pas avec son intellect seulement,
elle le fait avec son corps aussi.
Son "âme" va être bouleversée,
et bien son corps également !
Dans ce poème, le char, c'est le corps !
Et ça grince et ça crie !
l'essieu dans les moyeux
chauffait
et criait comme crie une flûte.
Les matérialistes nient le "spirituel.
Pour eux, tout n'est qu'échange d'électrons.
Les spiritualistes forcenés pensent que tout se passe dans "l'âme".
Le corps est sans intérêt.
Parménide, lui, sait que le corps est impliqué.
C'est avec son char qu'il va vers le "divin".
Je trouve la comparaison qu'il nous donne ici géniale !
Laissez-moi vous la répéter :
l'essieu dans les moyeux
chauffait
et criait comme crie une flûte !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Mais poursuivons.
lorsque les Filles du Soleil , pour me guider,
ont abandonné les demeures de la Nuit,
ont écarté de leurs mains leur voile sur leur tête,
et vers la lumière
m'ont conduit.
Voici donc qu'arrive un troisième élément féminin.
Après les Cavales et les Vierges,
voici les Filles du Soleil.
On se rapproche cette fois du foyer essentiel,
on monte en quelque sorte l'échelle des êtres :
il y a eu les Cavales, êtres encore immergés dans l'animalité,
puis les Vierges,
maintenant les filles du Soleil !
Les tenèbres de la nuit vont se dissiper.
La vérité va se dévoiler.
Et c'est précisément à ce moment où la nuit
(c'est-à-dire où l'obscurité de l'inconscience
va laisser place au savoir)
ce moment où le voile de l'ignorance va se déchirer,
que se situe le passage le plus dramatique
durant lequel tout l'être va vibrer et trembler dangereusement.
Comme a tremblé le bébé au moment de son passage
dans les voies génitales de sa mère,
comme tremble l'avion supersonique quand il passe le mur du son.
Le progrès d'un être n'est jamais linéaire.
Il ne suit pas une pente douce, progressive, régulière.
Il passe par des moments de crise, de rupture, de mutation.
Des moments où l'angoisse s'accroît d'une façon soudaine,
où des symptômes somatiques peuvent apparaître, menaçants,
des moments où les plus timorés feront marche arrière,
refusant de sauter l'obstacle.
Comme notre ami Parmenide décrit avec grâce ce moment périlleux !