Promenades philosophiques - 9 - Agir... ou Non -agir ? - Le psaume 126 -
C'est par là que je fus mené,
c'est par là que les Cavales très habiles m'ont conduit.
Ici, à nouveau,
Parménide souligne sa passivité dans ce processus.
Il l’avait d’emblée décrite :
- il était poussé par le désir de son âme…..
- les Cavales l’ont emporté…..
Est-il alors totalement passif ?
Non pas : il nous a dit aussi ceci,
cette route ne peut s’ouvrir
que pour « l’homme qui réfléchit ».
De la même façon le vent ne peut faire avancer le voilier
Que si le marin hisse la voile.
La force vient du vent.
Mais la décision du marin est indispensable.
Ou, pour reprendre l’image des cavales,
pour qu’elles puissent l’emporter,
encore faut-il qu’il grimpe sur leur dos.
Là se situe la liberté de l’homme,
la liberté de son choix,
et, si l’on veut, sa responsabilité.
Une possibilité s’offre à nous .
Nous pouvons dire oui, ou non.
Je ne sais si j’ai, cette fois ( !) été clair….
La vie nous pousse
= nous sommes passifs.
Mais nous avons des choix à faire,
des décisions à prendre
= nous sommes actifs.
Pour ce qui est de notre activité,
nous aurions plutôt tendance à la surestimer.
Nous imaginons que tout dépend de nous.
Alors que les évènements s'imposent à nous.
Nous nous imaginons choisir notre vie,
alors que toutes nos rencontres sont dues au hasard,
absolument toutes.
Notre liberté
et notre part d’activité
réside dans notre possibilité de choix :
dans le fait de pouvoir dire oui ou non
dans telle ou telle circonstance.
C’est à la fois très important
et très limité.
Je n’ai pas choisi d’être homme ou femme,
de naître en Europe ou en Asie,
je n’ai pas choisi mes parents,
ni l’état de mes chromosomes…. etc.
Comment comprendre,
et accepter,
cette part de passivité ?
Cette question,
d’autres hommes se la sont posées
à la même époque où Parmenide écrivait ce poème.
En Orient : Lao Tseu, qui a loué le « non-agir ».
Au Moyen-Orient, l’auteur des psaumes juifs.
Je vous note un passage du prodigieux psaume 126 :
Si le Seigneur ne bâtit la maison
En vain peinent les maçons.
Si le Seigneur ne garde la ville,
En vain la garde veille.
En vain tu avances ton lever,
En vain tu retardes ton coucher,
Mangeant le pain des douleurs,
Quand il comble son bien-aimé qui dort !
Est à rejeter l’idée que nous pourrions totalement contrôler notre vie.
L’idée que tout dépend de notre activité,
que nous devrions entreprendre la recherche du « divin »,
ou de toute autre chose,
par une sorte de suractivité,
par une volonté inflexible,
par un prodigieux effort de la pensée.
Oh non !
Il n'est pas question de cela.
Ce n’est pas notre volonté qui construit le monde.
Notre pensée elle-même n’est pas toute puissante.
J'adore cette idée :
il comble son bien-aimé qui dort !