- The Daffodils ... 4 : l'oeil intérieur -
Mais où me suis-je, encore une fois, engagé ?
Si je poursuis l'étude de ce texte,
ligne par ligne, et mot par mot,
j'en ai pour un mois.
Ce n'est pas possible !
Je vais donc terminer aujourd'hui,
en survolant librement le texte
comme le nuage survolait les collines.
Continuous as the stars that shine
And twinkle on the Milky Way,
They stretch'd in never-ending line
Along the margin of a bay:
Ten thousand saw I at a glance,
Tossing their heads in sprightly dance.
The waves beside them danced; but they
Out-did the sparkling waves in glee:
A poet could not but be gay,
In such a jocund company:
I gazed -- and gazed -- but little thought
What wealth the show to me had brought:
For oft, when on my couch I lie
In vacant or in pensive mood,
They flash upon that inward eye
Which is the bliss of solitude;
And then my heart with pleasure fills,
And dances with the daffodils.
Notre poète compare les jonquilles aux étoiles.
De même que les étoiles tapissent le ciel sans discontinuer,
avec une permanence étonnante,
scintillant de tous leurs feux,
étirant leurs immenses alignements
sur les gigantesques bras de la Voie Lactée,
de même le peuple innombrable des jonquilles
s'étire tout le long de la baie.
En un seul clin d'oeil, dix mille apparaissent.
Et elles dansent !
Une danse vive, enjouée, pleine d'énergie.
Elles inclinent leur têtes, se balancent...
Dans la baie, les vagues dansent aussi.
Elles sont toutes proches.
Mais la brillance des feuilles apparaît plus forte encore !
Elles semblent dégager une invincible allégresse (glee).
La gaieté du spectacle gagne le poète.
Et là je pense à une autre poésie,
écrite par David (?)
le psaume 98, versets 8 et 9,
où cet autre poète, il y a 4000 ans, n'hésitait pas à écrire :
que les fleuves battent des mains,
que les montagnes poussent des cris de joie !
(please : je n'ai pas trouvé le mot jocund dans mon dictionnaire :
est-il trop petit ?
Ou est-ce du viel anglais ?)
Alors le spectateur "gazed and gazed"
et c'est bien plus que regarder !
Il contemple, contemple,
il laisse cette incroyable spectacle pénétrer en lui.
And little thought :
il ne "pense" pas , à ce moment là,
il n'analyse pas la situation !
Il se laisse envahir par elle
comme le bébé remplit son estomac du lait maternel :
il fait le plein !
Repas mystique.
Repas essentiel !!!!!
Ce n'est qu'après qu'il réalise l'immensité de l'apport.
Et bien plus tard, des années après, peu importe,
quand sur sa couche il s'étend et se repose,
sans penser à rien de particulier,
c'est là que survient le prodige !
Le spectacle revient, vif comme au premier jour.
Les jonquilles sont là !
Elles jaillissent devant lui,
devant son "oeil intérieur".
Remarquez la beauté incomparable de l'expression anglaise :
" inward eye "
Cet "inward eye" qui est une bénédiction de la solitude.
Et oui, cet oeil là n'est pas facile à ouvrir face à l'autre.
Être en relation avec une personne, c'est une autre situation.
De même qu'en plein jour, quand notre étoile familière est présente,
il n'est pas possible de voir les étoiles.
Et pourtant il est arrivé qu'un enfant, plus clairvoyant que les adultes,
ait témoigné de leur présence.
Pourquoi certaines persones aiment-elles tant ces moments de solitude ?
Parce qu'elles vont pouvoir ouvrir leur inward eye !
Alors leur coeur s'emplit de plaisir
et danse avec les jonquilles !
Et elles refont, mystérieusement...
leur plein de bonheur.
à plus.