** Un conte japonais : le portrait - reprise** -
Ce matin, je lève le pied
et je pars sur la trace des grands oiseaux,
que j'espère revoir sur le lac d'Orient.
Je serai donc absent 48 h sur l'ordi.
Alors je reprends un conte déjà publié...
Peut-être quelques uns d'entre vous ne l'avez pas lu.
Bon week end à tous.
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C'était il y a bien longtemps, au pays du soleil levant.
Un jeune paysan vivait avec sa femme.
Depuis qu'ils étaient mariés, il restait là, assis, toute la journée, à la contempler.
Elle était si douce, si belle, qu'il ne pouvait la quitter des yeux.
Pourtant il y avait beaucoup à faire dans les champs de riz, et dans la ferme.
Les champs surtout auraient dû être labourés après la récolte.
Mais le paysan restait là, à regarder sa femme, et il ne faisait rien d'autre.
Un jour elle lui dit : « Cela ne peut pas durer !
Si tu ne travailles pas, nous allons bientôt être tout à fait pauvres.
Fais donc faire un portrait de moi,
et installe-le à la lisière du champ de riz.
Ainsi, tu pourras toujours me contempler tout en travaillant.
Le jeune paysan trouva l'idée excellente.
Il fit faire un portrait de sa femme.
Il le fixa entre deux tiges de bambou et le plaça à la lisière du champ.
Chaque fois qu'il faisait demi-tour avec sa charrue,
Il se réjouissait à la pensée de regarder à nouveau le portrait de sa jolie femme.
Bien des jours passèrent ainsi.
Et le paysan, et sa femme, vivaient contents et heureux.
Mais un jour,
un vent violent et soudain se leva
et s'empara du portrait.
Il l'emporta loin, toujours plus loin, et le laissa finalement tomber dans les jardins d'un château.
Maintenant, il gisait là, dans une plate-bande.
Un jardinier qui passait par là a ramassé le portrait.
Il l'a apporté à son maître, le prince qui vivait dans ce château.
Longtemps le prince contempla le portrait de la belle jeune femme, sans pouvoir se rassasier de cette vue.
Puis il fit venir ses serviteurs et leur dit :
« Allez, et chercher cette femme dans tout le pays ! Chercher là partout et amenez-la auprès de moi ! ».
Alors, dans chaque village, dans chaque maison, dans chaque coin du pays, on se mit à chercher cette jolie femme, jusqu'au jour où on la découvrit enfin.
Elle était assise à la cuisine, en compagnie de son mari, et faisait cuire des boulettes de riz.
« Tu dois nous suivre immédiatement !
Lui disent les serviteurs.
C'est un ordre du prince ! »
Rien n'a pu faire fléchir cet ordre.
Elle a dû les suivre.
Elle a pris congé de son mari et lui a chuchoté en secret :
« Fais bien attention à ce que je vais te dire :
prends ces trois pêches,
mets les en terre.
Il te faudra bien arroser et bien soigner les trois petits arbres qu'elles donneront.
Au bout de trois ans, ils fleuriront et porteront des fruits.
Quand les pêches seront mûres, cueille-les
et rends toi au château du prince.
Là, promène-toi partout et tâche de les vendre ».
Le jeune paysan fit exactement ce que sa femme lui avait ordonné.
Il mit les pêches en terre et les arrosa.
Quand plus tard les petits arbres se mirent à pousser, il les soigna de son mieux.
Bien que plein d'impatience, il attendit trois années .
Les petits arbres ont eu des fleurs roses comme des joues de bébé,
puis les branches se chargèrent de fruits.
Quand enfin les pêches furent bien mûres, il les cueillit,
les déposa avec précaution dans une corbeille de paille tressée,
et se mit en route pour le château du prince.
Arrivé là, il se mit à aller et venir dans la cour du château en vantant ses fruits :
« À vendre !
Belles pêches à vendre !
Belles pêches mûres à vendre ! ».
Quand sa femme, à l'intérieur du château, entendit la voix de son mari, elle se mit à rire de joie.
Le prince s'en réjouit, car tout au long des trois années qu'elle avait passées auprès de lui, il ne l'avait jamais entendu rire.
Il fit venir le jeune paysan et lui ordonna de se promener non seulement dans la cour, mais aussi dans les jardins du château, pour y vendre ses pêches.
Le jeune paysan se rendit donc dans les jardins et cria :
« À vendre !
Belles pêches à vendre !
Belles pêches mûres à vendre ! ».
Sa femme rit de plus belle, et fut de plus en plus gaie.
Le prince finit par devenir jaloux de ce vendeur de pêches qui procurait une telle joie à sa belle.
Il aurait bien voulu la rendre aussi heureuse.
Longtemps il se demanda comment faire.
Finalement une idée lui vint.
Il fit venir le jeune paysan et lui ordonna de se déshabiller.
Surpris, le jeune homme obéit.
« Et maintenant, mets mes vêtements ! »
lui dit le prince d'une voix bourrue.
Le jeune paysan ne savait pas ce que tout cela voulait dire, mais il mit les superbes vêtements du prince, et celui-ci, de son côté, enfila la blouse du paysan.
« Attends-moi ici ! » ordonnale prince.
Puis il prit la corbeille de pêches et se rendit dans les jardins du château.
Là il se promèna en criant :
« À vendre !
Belles pêches à vendre !
Belles pêches mûres à vendre ! ».
Ainsi qu'il l'avait espéré, la jeune femme se mit à rire et le prince l'entendit rire à l'intérieur du château.
Mais cette fois elle riait parce qu'elle était heureuse de revoir son mari, de le revoir enfin après ces longues années de séparation.
Folle de joie elle s'était jetée dans ses bras.
Cependant le prince était persuadé que c'était lui qui la faisait rire ainsi et il continua donc à se promener en criant de plus belle :
« À vendre !
Belles pêches à vendre !
Belles pêches mûres à vendre ! ».
Sans s'en apercevoir, il quitta les jardins et arriva dans la cour.
De loin il entendait toujours rire la jeune femme.
Quand il passa devant le grand portail, le gardien l'aperçut et se dit :
« L'insolent !
Nul ne doit circuler ici et vendre ce qui lui plaît.
Quelle impudence ! »
Il envoya dans la cour deux soldats pour qu'ils s'emparent du vendeur de pêche et le jettent dehors.
Lorsque les soldats empoignèrent le prince, celui-ci se débattit et s'exclama :
« Halte !
Ne me reconnaissez-vous pas ?
Je suis le Roi !
Personne n'a le droit de me toucher ! »
Mais les soldats ne le crurent pas car il portait la simple blouse des paysans.
Ils le chassèrent donc et refermèrent soigneusement le portail derrière lui.
Le jeune paysan et sa femme, eux,
vécurent au château
et furent heureux jusqu'à la fin de leurs jours....
jours
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jours ......