Un gentil conte pour consoler le coeur de Sittelle : Les souliers de Chloé
Je ne sais plus pourquoi j'avais écrit ce conte pour Sittelle le 20 février 2010
pour la consoler, mais de quoi ?
Mais plusieurs d'entre vous allez bientôt voir des enfants ou petits enfants
alors je le replace ici.
Que la joie soit en chacun de vous.
Les souliers de Chloé
Inspiré d’une histoire de « Pomme d’Api » emprunté le 11.10.88 à la chapelle Saint Bernard à Montparnasse.
Chloé ne rêve que d’une chose :
Moi je voudrais avoir des souliers solides et légers,
Des souliers pour courir et sauter à cloche-pied.
Ah ! Comme je serais contente !
Mais non, son père veut toujours
qu’elle mette des bottes.
Dès le matin,il dit :
voyons, es-tu bien chaussée ?
As-tu mis tes bottes, tes bottes ferrées, archi-ferrées ?
Ah ! Tu n’as pas l’air d’une mauviette !
Allons ! Marchons !
Et il emmène Chloé respirer dans la forêt.
Les bottes de Chloé écrasent les fougères, les escargots,
font éclater les châtaignes,
et transforment les mûres en confiture.
Les écureuils lancent quatre glands à Chloé.
Elle les ramasse, et pense tristement
Je suis sûrement une mauviette, car je déteste ces bottes,
ces bottes ferrées, archi-ferrées !
Moi je voudrais des souliers solides et légers,
des souliers pour courir et sauter à cloche-pied.
Quand Chloé revient de la forêt,
sa mère lève les bras au ciel et s’écrie :
Toujours ces horribles bottes !
Que tu dois être mal avec ça ! Enlève-les vite
et mets tes pantoufles, tes pantoufles fourrées, archi-fourrées.
Ah ! Tu as l’air d’une petite fille sage comme une image
avec ces pantoufles là !
Allons, assieds toi, mange tes tartines et bois ton chocolat.
Les pantoufles sont si confortables que les pieds de Chloé
gonflent de chaleur et ne peuvent plus bouger.
Chloé joue avec la souris blanche qui vient grignoter son pain
Elle lui vole deux poils de moustache et pense tristement
Je ne suis sûrement pas une petite fille sage comme une image
Parce que je déteste ses pantoufles fourrées, archi-fourrées.
Moi je voudrais des souliers solides et légers,
des souliers pour courir et sauter à cloche-pied.
Ce jour là, c’est mercredi.
Chloé va déjeuner chez ses grands parents.
Elle est à peine arrivée que grand-mère s’écrie
Oh lala ! Mon trésor chéri ! Pas de bottes ici !
Enlève les vite et prends ces patins,
ces patins molletonnés, archi-molletonnés
A la bonne heure !
Avec ces patins là, on voit bien que tu es une petite fille soigneuse !
Avec les patins, Chloé patine de long en large,
en travers et à reculons, sur le parquet ciré.
Le chat de grand-mère se frotte contre les jambes de Chloé.
Chloé le caresse, récolte dans sa main une poignée de poils doux,
et pense tristement
Je ne suis sûrement pas une petite fille soigneuse
parce que je déteste ces patins molletonnée, archi-molletonnés.
Moi je voudrais des souliers solides et légers,
des souliers pour courir et sauter à cloche-pied.
Le grand père de Chloé l’emmène à l’étable, et lui dit :
Tiens, ma petite fille, mets donc ces sabots,
ces sabots paillés, archi-paillés
Au moins, avec ces sabots là,
tu as l’air d’une vraie paysanne travailleuse !
Chloé aide son grand père à donner de la paille aux vaches.
Pour la remercier son grand père lui fait cadeau d’une corne de vache,
mais Chloé pense tristement
Je ne mérite pas ce cadeau
car je ne suis sûrement pas une vraie paysanne travailleuse
Et je déteste ces sabots paillés, archi-paillés !
Moi je voudrais des souliers solides et légers,
des souliers pour courir et sauter à cloche-pied.
L’après midi, Chloé va chez sa marraine,
et elle lui dit :
Déchausse toi vite ! Mon ange !
Et enfile ces chaussons de danse !
Ces chaussons satinés, archi-satinés
Ah ! Quelle gracieuse petite fille tu es !
Pour faire plaisir à sa marraine,
Chloé se met sur la pointe des pieds,
arrondit les bras, penche la tête, lève une jambe…
tombe par terre ! Et pense tristement :
Ah non ! Non et non !
Je ne suis sûrement pas une gracieuse petite fille
parce que je déteste ces chaussons satinés, archi-satinés !
Moi je voudrais des souliers solides et légers,
des souliers pour courir et sauter à cloche-pied.
Sa marraine lui dit :
Allons ! Ne fais pas cette tête là !
Tiens, je te donne deux jolies barrettes dorées
pour attacher tes cheveux.
Chloé n’a pas le temps de la remercier
Son oncle l’emmène faire une balade en montagne,
mais il dit :
Mets d’abord ces chaussures de montagne,
ces chaussures lacées, archi-lacées.
Ah ! La belle montagnarde que voilà !
Chloé marche, grimpe, s’essouffle,
se tord les pieds sur les cailloux,
et pense tristement :
Ah ! Cette montagne me fait peur !
Je suis sûrement une mauviette !
Je ne suis ni sage, ni soigneuse, ni gracieuse,
je ne suis ni une paysanne, ni une montagnarde,
et je déteste ces chaussures lacées, archi-lacées !
Moi je voudrais des souliers solides et légers,
des souliers pour courir et sauter à cloche-pied.
Pour se consoler, Chloé ramasse deux jolies peaux de lézards,
Qu’elle trouve là, abandonnées, sur une pierre.
Et cela lui donne une idée.
Quand elle redescend au village,
elle s’arrête à la boutique du cordonnier.
Elle vide le contenu de ses poches sur la table.
Il y a :
Quatre glands,
deux moustaches de souris,
une poignée de poils de chat,
Une corne de vache,
deux barrettes dorées,
deux peaux de lézards.
Chloé demande :
Avec tout ce qui est là, Monsieur,
est-ce que vous sauriez me faire des souliers ?
Le cordonnier réfléchit, et il dit :
Hum… avec ce qui est là...
je peux seulement faire des souliers …
pour sauter à cloche pied !
Reviens demain, ils seront prêts.
Et le lendemain, Chloé découvre chez le cordonnier
les plus légers souliers que l’on puisse imaginer.
Ils sont en lézard vert, doublés de poils de chat.
Avec une semelle en corne de vache.
Des lacets en moustache de souris.
Et dessus, pour faire joli, il y a deux glands verts
retenus avec des barrettes dorées.
Chloé enfile ses nouveaux souliers
et elle rentre chez elle en chantant :
Moi, j’ai des bottes ferrées, archi-ferrées,
des pantoufles fourrées, archi-fourrées,
des patins molletonnés, archi-molletonnés,
des sabots paillés, archi-paillés,
des chaussons satinés, archi-satinés,
des chaussures lacées, archi-lacées.
Mais j’ai aussi des souliers solides et légers,
Des souliers pour courir et sauter à cloche-pied.
Alors, petite Sittelle,
tu préfères ce genre de conte ?