Une trilogie : un conte, une rencontre, un rêve - 4/... : la femme-renarde.... -
Ne nous y trompons pas :
ce conte n'est pas une banale histoire un peu loufoque.
(Loup-Phoque ?)
C'est une porte, possible, entrebâillée, vers la profondeur de nos vies.
Un gribouillis évoquant nos amours.
Et la difficulté de les épanouir.
Un seul signe pourrait suffire à le montrer :
il faut à l'étudiant, pour parvenir jusqu'à TSEU,... trois jours.
Trois jours, c'est la clé des contes.
Et de toute évolution mystique.
Mort-résurrection.
Trois jours, symbole universel ?
Cela signifie que la démarche que ce garçon entreprend
est l'essence même de sa vie.
Trois jours...
cela veut dire, en pratique, peut-être trois ans, ou trente ans.
La bible nous dit que dieu a fait le monde en 2 fois 3 jours.
Ou en 6 milliards d'années... va savoir ....
Autre signe.
C'est un étudiant pauvre.
Mais c'est le prototype même de l'être humain !
Débarquant dans la vie, nous avons tout à apprendre !
Nous sommes à l'extrême de la pauvreté : nous ne savons rien.
Mais rien, ce qui s'appelle rien.
Et nos moyens d'apprendre sont infimes.
Tellement fragiles.
L'étudiant arrive dans cette vallée de la vie
où coule le fleuve du temps.
Il s'approche des autres "chercheurs".
Ceux-ci discutent, se montrent leurs trouvailles.
N'est-ce ce que font tous les hommes ?
Ils cherchent des cailloux, ou autre chose, peu importe.
Et si ces "fleurs de pluie", c'étaient les femmes ?
Ils se "montreraient" leurs conquêtes, discuteraient de leurs nanas !
Qui donc a trouvé la plus belle ?
Les cailloux que l'étudiant a trouvé semblent quelconques, sans éclat.
Est-ce si sûr ?
Mais tout le monde n'a pas le bonheur (?)
de rencontrer Marilyn Monroe.
Ou Diana (!).
Et après, qu'est-ce que cela fait ?
Bref, voici l'étudiant (chacun de nous) à la recherche du grand sage :
il veut voir TSEU
qui, lui, est sensé tout savoir, détenir la vérité.
Lui doit savoir ce qu'est l'amour !
Et justement l'étudiant fait un rêve érotique.
Érotique ?????
Et oui : le sexe est le piment de nos vies.
Non ?
Qui oserait le nier ?
Le matin, sont lit est défait, en piteux état.
Là, bien des hypothèses sont possibles.
S'est-il agité seul ?
C'est peut-être un sagittaire dont la devise est probablement :
(s') agiter avant de s'en servir !
Ou bien il n'était pas si seul que ça....
Le papier sous les cailloux tendrait à le prouver.
La confusion dans l'esprit de ce jeune homme est telle qu'il ne se souvient plus très bien.
Ce qui me fait penser à la délicieuse chanson de Jeanne Moreau :
" J'ai la mémoire qui flanche "
Bref, réalité d'une rencontre, ou auto érotisme agrémenté de fantasmes....
là n'est pas l'important.
Le voici parti à la recherche de ce pont.
Le pont du rendez-vous !!!!!
Le pont : un puissant symbole s'il en est.
Sur le pont, ou sous le pont ?
Dans les deux cas : lieu captivant.
Sous ce pont coule le fleuve de la vie.
L'origine du monde, dit fort justement Courbet.
Passons !
Ils se trouvent.
Un couple se forme.
La formation d'un couple est toujours l'oeuvre du hasard.
Viens !
Le temps presse !
Ils partent sur le chemin.
Le chemin, facile d'abord, se rétrécit, devient même très étroit, dangereux.
Et la marche commune est malaisée.
Souvent l'un a du mal à suivre l'autre.
Et puis passent des chasseurs, avec chiens et chevaux.
Quel surabondance de symboles !
Un cheval renverse la femme.
Ah pourquoi l'homme n'a-t-il pas bien serré la femme contre lui ?
Quel est donc l'accident qui est ici symbolisé ?
Un écart extra-conjugal ? (une tentation, et l'on "tombe" dans le "péché")
Une maladie grave ?
Un accident de la vie, en tout cas.
Un accident qui brise la marche commune.
Cette marche vers un but totalement ignoré.
Viens... mais où ?
Là encore c'est l'image de nos vies.
On marche ensemble, un temps, mais pour aller où ?
La seule chose certaine est cette marche commune.
Le chemin.
Il n'y a que le chemin.
Il est parfois facile, parsemé de jolies fleurs, offrant de beaux paysages.
Il est parfois bien sombre.
La femme a été jetée à terre.
Un cri déchirant s'est fait entendre.
Un cri qui lacère le coeur.
La femme est devenue renarde.
Qu'est-ce que cela veut dire ?
Quand quelque chose nous irrite, on peut devenir "chèvre".
Quand on attaque les enfants d'une femme
il arrive qu'elle devienne tigresse !
Ici elle devient renarde.
C'est une spécialité dans la littérature chinoise, semble-t-il.
Une femme blessée, méprisée, rejetée, malheureuse,
qui s'estime injustement traitée,
peut se transformer en cet animal roux.
Elle peut alors vouloir se venger,
et va le faire d'une façon très rusée, et dangereuse....
Même revenir dans la vie de l'homme fautif sous la forme d'une sorte de fantôme.
Un fantôme malfaisant qui peut surgir à tout moment !
Je ne connais pas le vieux film (dont on vient de me parler)
où une telle femme, blessée, se transforme en une panthère noire, qui,
à partir de là, va se mettre à dévorer ses amants, pour se venger.
Un peu le symétrique du sort de Shéhérazade.
Une curieuse thérapie !
Pour n'être pas abandonné en amour, dévorons nos partenaires !
Une question à explorer : qu'est-ce que l'amour ?
Serait-ce du cannibalisme ?
Curieux : je ne ressens pas la panthère comme dangereuse.
Plutôt sympathique.
Puissante certes, une forte personnalité, plus que respectable !
Le symbole d'une femme pleinement consciente d'elle même.
Mais douce et aimante.
Ma femme était une lionne.
Oh... une toute petite lionne !
Nous avions une petite chienne, une scottish terrier.
Parfois la nuit...
Mais non, je dévie !
J'ai écrit une mini poésie sur elle, un jour je la mettrai.
Je reviens au conte.
Le couple, ébranlé par cet accident, se disloque.
Le jeune homme prendra conscience, enfin, du tragique de la situation,
quand il verra le visage infiniment triste de cette femme
en découvrant le troisième caillou de TSEU,
caillou qui, pour lui, se transforme.
( encore le chiffre trois !)
Oui, cette histoire est infiniment triste.
Poignante.
Pourquoi tant de couples échouent-ils ainsi ?
Se défont....
alors que la "rencontre" ne s'est pas encore pleinement réalisée ?
Heureux le couple où chacun a eu le temps, avant qu'il se défasse,
de dire à l'autre : je t'aime.
En toute vérité.