- La loire, fleuve sauvage - 3 - Lieu de passage, lieu de solitude -
Je suis retourné à La Loire.
J'ai retrouvé....
(chemin difficile et caché,
autant que pour s'approcher du château de la Belle au bois dormant )
j'ai retrouvé la grève solitaire.
Elle s'étend sur plusieurs Km, livrée aux seuls oiseaux,
et à quelques discrets quadrupèdes.
Sur la gauche se trouve la zone active du fleuve, avec un lit profond.
Sur les côtés s'étendent des sortes de lagons, de vastes bassins d'eau peu profonde.
Si les eaux continuaient de baisser, certaines zones se retrouveraient isolées
et pourraient s'assécher complètement.
D'autres sont encore traversées par une partie du courant ,
( on le devine sur la photo suivante ).
et l'eau y demeure plus fraîche, relativement.
Les petits cailloux du fond sont parfois dégagés et brassés,
si le courant est assez rapide.
Qu'il est agréable de marcher dans cette eau chauffée par le soleil !
C'est sans danger car au plus profond, l'eau ne dépasse guère les genoux.
Tiens, voici un tronc qui pourrait servir de siège.
Il est si noueux qu'il fait penser à un stipe de palmier.
Viendrait-il de l'île d'Onirikou ?
Et juste à côté....
un coin idéal pour une petite baignade.
Ah.... j'ai oublié de prendre mon maillot de bain.....
pas grave, ici, je ne gênerai personne !
Après ce petit bain, j'ai retrouvé le tronc accueillant.
Et je me suis mis à parler à la Loire !
Son eau n'est certes plus celle d'un torrent,
mais j'étais frappé par le fait qu'elle narrêtait pas de couler.
Sans hâte excessive,
mais sans le moindre ralentissement.
Je lui ai demandé où elle s'en allait ainsi.
Elle m'a dit, je vais à la mer.
je ne fais que passer.
Moi aussi, lui ai-je répondu :
je ne fais que passer.
Par contre ,
je ne sais pas où je vais.
Toi,
que vas-tu faire à la mer ?
Rien, m'a-t-elle répondu,
je vais devenir la mer.
Tu vas donc disparaître,
lui ai-je dit.
De même que l'Allier a disparu en moi,
et maintenant ... elle est moi,
de même je vais disparaître, et je serai la mer
et ferai le tour de la planète bleue.
Je lui ai dit : ça ne te fait pas peur ?
de disparaître ?
Petit sot, m'a-telle dit,
la mer et moi, nous ne sommes qu'un.
Tiens, me suis-je dit,
j'ai déjà entendu une phrase comme cela.
Alors j'ai repris ma route,
ou plutôt ma marche,
car ici pas de route.
J'ai suivi une large zone tapissée de cailloux,
d'où le courant du fleuve au printemps, ou lors d'un orage,
a emporté tout le sable.
J'y ai cherché des cailloux remarquables.
J'ai aperçu un petit trou d'eau.
Voyons par là.
Plouf !
Des grenouilles se sont sauvées.
Et là....
parmi les cailloux... un coquillage bizarre.
Je l'ai retourné, et ....
oh, surprise !
Euzébius m'attendait.
Pas de doute, Onirikou n'est pas loin.
Sur le sourire de ce petit poisson, je vous dis :
Ciao !