- Gilgamesh 8 - Un mal étrange à moi t'a ravi -

Publié le par kasimir, dit pinson déplumé

 

 

Avant de poursuivre, je veux vous faire part de mon hésitation.

 

Je me rends bien conte que mon récit ne fait pas dans le rigolo.  

 

Si bien que je suis en complet décalage avec l'esprit de ces jours

 

où il convient de se raconter de jolies choses.

 

J'ai pensé suspendre un temps mon histoire....pour être plus léger.

 

Mais certains d'entre vous veulent la suite

 

ce que je comprends aussi car j'ai excité votre curiosité.

 

Alors je propose à ceux qui préfèrent se plonger dans la tonalité festive de  Noël

 

de ne pas regarder  ce N° 8, ni la suite.

 

C'est en effet trop sombre : dans la tonalité des drames antiques.

 

Je m'abstiendrai tout de même de parler de Gilgamesh le 24 et le 25 :

 

je mettrai alors un conte de Noël.

 

 

   ******************************************************

 

 

 

 

 

 

Durant la nuit qui suivit,

 

Enkidou fît un songe.

 

 

 

 

Se réveillant angoissé,  alors qu'il faisait encore nuit, il appela Gilgamesh.

 

Il ne pouvait  se lever, car il se sentait malade.

 

Il lui raconta ceci :

 

 

 

 

j'ai vu les dieux du ciel

 

ils se rassemblaient pour tenir conseil.

 

 

 

J'ai entendu le dieu Anou  dire :

 

 

 

Puisqu'ils ont tué Houmbaba dans la forêt des cèdres

 

et qu'ils ont tué aussi le Taureau du ciel,

 

ils doivent mourir tous les deux.

 

 

Le dieu Enlil n'était pas d'accord.

 

Il s'est  même mis en colère et a crié :

 

Gilgamesh doit avoir la vie sauve !.

 

Mais il faut faire périr Enkidou.  

 

 

 

Alors les cieux se sont comme remplis de cris

 

comme si tous les dieux se disputaient

 

et les échos de ces cris ont envahi la terre.

 

 

Anzou, l'oiseau de la mort aux pattes de lion

 

m'a saisi  par les cheveux,

 

et m'a piétiné comme un buffle sauvage.

 

 

Je t'ai crié : sauve-moi , mon ami !

 

Mais tu étais comme paralysé par la peur 

 

et tu n'es pas venu à mon secours.

 

 

Alors mes bras se sont couverts de plumes

 

et je suis entré dans l'obscure demeure du dieu des enfers.

 

 

 

J'ai vu là tous les hommes puissants qui ont régné sur la terre autrefois.

 

Avec eux il y avait aussi tous les prêtres qui avaient servi les dieux,

 

et aussi tous les prohètes,

 

et tous les scribes,

 

et tous les magiciens.

 

 

Tous étaient couverts de plumes

 

et ils n'avaient pour se nourrir que de la poussière à manger.

 

 

 

 

En entendant ce récit Gilgamesh se mit à pleurer.

 

 

 

Les larmes coulèrent sur son visage et il  s'écria :

 

- Pourquoi les dieux m'ont-ils épargné et frappé mon frêre ?

 

 

 

Puis s'adressant à Enkidou :

 

- C'est la fièvre qui te fait dire des choses aussi folles !

 

Elles n'ont pas de sens !

 

 

 

Dès que le soleil monta dans le ciel,

 

Gilgamesh invoqua le dieu Shamash pour son ami.

 

 

 

 

Enkidou, lui, tourmenté par la fièvre, ne pouvait se lever.

 

 

 

Il maudit le chasseur qui lui avait amené la fille du temple, disant :

 

que tes forces t'abandonnent, chasseur,

 

que tout gibier s'échappe de tes filets.

 

 

 

Puis il maudit la fille du temple en ces termes :

 

que jamais tu ne bâtisses de maison,

 

que l'homme ivre te frappe et te souille,

 

puisque tu m'as entraîné loin de mon désert !

 

 

 

Mais le dieu Shamash dit à Enkidou :

 

Pourquoi maudis-tu la fille du temple ?

 

Elle t'a fait manger le pain des dieux  et boire la bière des rois.

 

Et elle t'a donné comme ami le beau Gilgamesh.

 

Après ta mort il portera ton deuil

 

se vêtira de peaux de bêtes et s'en ira vivre au désert.

 

 

 

Ces paroles apaisèrent la colère d'Enkidou.

 

Il accepta de retirer sa malédiction et de bénir la fille du temple.

 

 

Mais la fièvre ne le quitta pas

 

et il demeura gisant toute la journée.

 

 

Il en fut de même le lendemain

 

et aussi le troisième jour.

 

Et tous les jours suivants.

 

 

 

 

Le douzième jour, se redressant sur sa couche,

 

il s'écria :

 

Ô toi mon ami, pense à moi quand je serai mort,

 

ne m'oublie pas.

 

 

Et sur ces mots Enkidou s'enfonça dans le sommeil sans fin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

gilga-7.jpg

 

 

 

 

 

 

Quand revint le jour

 

Gilgamesh pleura sur le corps de son ami.

 

 

 

 

Oh toi mon ami, Enkidou,

 

toi qui à pour mère la gazelle

 

et pour père l'âne sauvage,

 

toi que les onagres ont nourri de leur lait,

 

que les cèdres te pleurent, et le jour et la nuit !

 

Que te pleurent les hautes cimes des montagnes,

 

que te pleurent les prairies

 

que te pleurent les ours

 

et que te pleurent les tigres

 

et les lions et les cerfs

 

et toutes les bêtes sauvages !

 

Que te pleure le fleuve.

 

Que te pleurent les laboureurs

 

et que te pleurent les artisans.

 

 

Et moi je me lamente.

 

Tu étais le secours de mon bras

 

un épée à ma ceinture

 

mon bouclier.

 

 

Oh mon ami

 

un mal étrange à moi t'a ravi

 

et tu ne m'entends plus.

 

 

 

Alors Gilgamesh

 

telle une lionne à qui on a pris ses petits

 

enleva ses riches vêtements,

 

les jeta loin de lui,

 

se vêtit de peaux de bêtes

 

et s'en alla au désert.

 

 

 

 

à suivre.....

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans conte

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E
<br /> C'est bien triste qu'il faille la mort de son ami pour qu'il viennent à de bons sentiments qui ont l'air sincères.<br /> <br /> <br /> Le pauvre Enkidou n'a vécu que pour favoriser le cheminement moral de Gilgamesh dont tout le monde avait peur!<br /> <br /> <br /> Belle soirée, bises Pinson<br />
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K
<br /> <br /> oui, c'est triste<br /> <br /> <br /> mais c'est sans doute souvent le cas<br /> <br /> <br /> c'est la survenue d'un malheur qui souvent pousse à réfléchir<br /> <br /> <br /> à se remettre en cause<br /> <br /> <br /> et cela aide à changer le "coeur"<br /> <br /> <br /> comme ce sujet est difficile....<br /> <br /> <br /> pourquoi la "souffrance du juste" pourrait-elle sauver le monde ?<br /> <br /> <br /> c'est trop pour ces jours.<br /> <br /> <br /> Bises, Andrée.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Tuas raison mon pinson , je viendrai lire cela plus tard en janvier !!! Aujourd'hui c'est juste pour te souhaiter un joyeux noel et te faire un gros bisou @ presto !<br />
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K
<br /> <br /> pour toi aussi, de belles journées de fêtes<br /> <br /> <br /> bisous, Anne.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Bonsoir Pinson, moi non plus je n'ai rien reçu, mais je sais que tu les as envoyés tous ensemble les livres, tu t'es donné assez de mal pour ça d'ailleurs, alors j'attendrai sagement qu'ils<br /> arrivent, ne t'inquiète pas, je suis certaine que je recevrai l'enveloppe Lundi, je le sens, et puis si je me trompe ce n'est pas grave ! Aln a eu la chance de recevoir l'enveloppe dans un très<br /> bref délai mais c'est normal et je suis contente pour elle, c'est la plus sage (coucou Aln, je languis de voir ta méditation sur la réponse de notre ami à mon commentaire). Pinson, c'est vrai que<br /> ton récit ne fait pas dans le rigolo, mais pourquoi hésiter, il ne faut pas se bander les yeux sur la réalité de la vie. Tu es lucide et tu as raison de t'exprimer. Noël, une période festive ?<br /> Pas pour tout le monde, loin de là, festive quand on est entouré, en famille, mais pour ceux qui sont seuls, enfermés dans leur solitude, crois-tu que ce n'est pas douloureux ? Le bonheur se<br /> partage mais la douleur aussi, il ne faut pas être égoïste et penser à ceux qui souffrent. C'est ça le "vrai" esprit de Noël : le partage ! Bref, je n'en dirai pas davantage car je sais que toi<br /> tu m'as comprise. Comme ça serait chouette de s'endormir ... et se réveiller dans 15 jours ! Je te fais de gros bisous petit pinson,  et à toi aussi Aln. Danielle<br />
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K
<br /> <br /> s'endormir et se réveiller seulement dans 15 jours ?<br /> <br /> <br /> Quelle idée ?<br /> <br /> <br /> oh non alors, j'ai trop de choses à faire, et urgentes<br /> <br /> <br /> Par exemple : je suis bien en retard pour te répondre<br /> <br /> <br /> alors si je dors 15 jours, je n'y arriverai plus !<br /> <br /> <br /> allez, passe un bon week end, sous ton généreux soleil<br /> <br /> <br /> ici ciel gris et petite pluie... mais nous y sommes habitués.<br /> <br /> <br /> Bisous de pinson <br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> Rien reçu ce jour......Pense à me l'envoyer. Merci<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> L.N.<br />
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K
<br /> <br /> il est déjà parti !!!!<br /> <br /> <br /> il arrive, il arrive<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Le ciel est aujourd'hui d'un noir à te foutre le bourdon. La pluei tombe depuis ce matin sans discontinuer. Un vrai temps de fin du monde ! Tiens, à propos, on l'a loupée celle-là ! Pas envie<br /> donc de me déprimer davantage. J'attendrai tes contes de Noël. Bien amicalement. Florentin.<br />
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K
<br /> <br /> mais oui, Florentin, tu es sage :<br /> <br /> <br /> vivons sans retenue la joie de ces journées<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Triste , aujourd'hui!Mais la vraie vie est là!<br /> <br /> <br /> J'ai lu.Mais aujourd'hui, je veux retenir de tes écrits la réponse que tu as faite à Danielle et si , tu le permets , méditer sur une grande partie.<br /> <br /> <br /> Ton livre, posé sur ma table de chevet m'a fait faire des rêves merveilleux!!!<br /> <br /> <br /> GROS BISOUS AMIKAS et bises à Danielle<br />
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K
<br /> <br /> oui, ALN, rêvons un peu<br /> <br /> <br /> et laissons-nous bercer par les belles heures qui passent.<br /> <br /> <br /> bisous de pinson<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> C'est vrai que c'est triste mais c'est si poétique..... que j'ai quand-même passé un agréable moment, et puis Noël ce n'est pas de la mièvrerie, ça devrait aussi penser aux gens qui ont moins de<br /> chance que nous alors ce conte y a toute sa place... Belle après-midi<br />
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K
<br /> <br /> Merci Esclarmonde<br /> <br /> <br /> je te souhaite de bonnes journées pour tout ce week end de Noël<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Oh, comme c'est triste, je ne pensais pas qu'Enkidou allait mourir, lui si plein de forces, c'est Gilgamesh qui l'a entrainé vers cette triste fin pour affronter les dieux, c'est son avidité de<br /> puissance, son orgueil effréné qui a causé la mort de son ami. Quelle tristesse quand il dit : "Sauve-moi mon ami et tu n'es pas venu à mon secours", puis quand il maudit la fille du temple qui<br /> après tout n'a fait qu'exécuter les ordres reçus. Heureusement qu'après il lui pardonne et retire sa malédiction car son action a été positive (dans lous les domaines (!), sauf celui de lui avoir<br /> fait quitter sa vie sauvage, son troupeau ... Et Gilgamesh le pleure sincèrement car il l'aimait. Il va certainement changer totalement de vie, poussé par son chagrin. Peut-être deviendra t-il<br /> bon et humble ? Mais je crois qu'il va vouloir venger Enkidou ! Et j'ai envie de connaitre la suite, alors juste une courte interruption pour Noël mais fallait pas attiser notre curiosité ... là<br /> il faut continuer, trop passionnant, non mais ..... Bonne journée petit pinson et gros bisous. Danielle<br />
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K
<br /> <br /> oui, c'est le mot : c'est triste !<br /> <br /> <br /> la vie humaine est parfois ainsi<br /> <br /> <br /> là où l'on rêvait d'une vie en rose... survient le drame.<br /> <br /> <br /> Et cela pose un immense problème.<br /> <br /> <br /> La vie a-t-elle cependant un sens ?<br /> <br /> <br /> Et si oui, lequel ?<br /> <br /> <br /> C'est en fait cette question que posent ces grandes oeuvres<br /> <br /> <br /> et c'est pour cela qu'elles gardent toute leur pertinence,<br /> <br /> <br /> malgré les siècles ou même les millénaires.<br /> <br /> <br /> Je pense que tout homme peut se raconnaître en Gilgamesh.<br /> <br /> <br /> Chacun de nous n'a pas construit une ville, mais ça c'est sans importance.<br /> <br /> <br /> Car chacun de nous construit sa vie.<br /> <br /> <br /> et peut commetre vis à vis de sa vie les mêmes erreurs de jugement que celles que Gilgamesh a commis.<br /> <br /> <br /> La suite , même si elle se présente comme extraordinaire,<br /> <br /> <br /> est en fait, pas à pas, le chemin que chacun de nous parcourons.<br /> <br /> <br /> Et qui nous ramène à l'humilité.<br /> <br /> <br /> Et si tu réfléchis bien à tous les conflits qui déchirent les humains,<br /> <br /> <br /> à commencer par les conflits dans les couples,<br /> <br /> <br /> tu verras que c'est exactement ce dont il est question dans ce récit fabuleux.<br /> <br /> <br /> C'est tout son intérêt : il nous touche au plus profond de ce que nous sommes réellement.<br /> <br /> <br /> Bonne journée Danielle.<br /> <br /> <br /> Je t'embrasse.<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> C'est en effet très triste, mais je l'ai lu quand même, car je reconnais que tu as fait beaucoup de recherches pour nous distraire. Et tu vois,je l'ai lu à 1h du math et je n'ai point fait de<br /> rêves...sur ce sujet...<br /> <br /> <br /> Beaucoup attendent la suite, et comme je la connais, alors bonne journée à toi et j'attends un conte plus doux, je suis comme les enfants je crois au Pére Noël!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> BàT.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> L.N.<br />
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K
<br /> <br /> tu lis mon blog à une heure du math ?????<br /> <br /> <br /> et après ça tu me diras que tu n'aimes pas mes maths ?<br /> <br /> <br /> Salue pour moi le père Noël<br /> <br /> <br /> bise pour toi.<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> tu peux continuer je ne lis pas les contes.je regarde juste tes jolies aquarelles et pense à toi.bise de noël comme la bière de noël...<br />
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K
<br /> <br /> Tu ne lis pas les contes ?<br /> <br /> <br /> Mais tu lis Pessoa, Touzeil, Gide et Nietzsche....<br /> <br /> <br /> sont-ce tes quatre évangélistes à toi ?<br /> <br /> <br /> A moins que tu ne sois de la génération IKEA ?<br /> <br /> <br /> Bon, ta bise de Noël me fait plaisir<br /> <br /> <br /> je t'en fais une aussi<br /> <br /> <br /> et je lèverai ma chope de bière à ta santé !<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Bonjour pinson déplumé,<br /> <br /> Voilà, c'est bien la suite que je connaissais. Mais avec toi, le conte est aussi passionnant que l'histoire.<br /> <br /> Merveilleusement bien raconter. Tu ne peux pas savoir comme je suis contente de pouvoir suivre quoditiennement ce récit. Je suis fascinée par cette histoire car j'aime beaucoup ce style. Surtout<br /> que je connais l'histoire  mais traduite en conte elle me fascine autant.<br /> <br /> <br /> Merci à toi pinson déplumé pour ce p'tit bonheur journalier et bonne journée. Bises.<br />
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K
<br /> <br /> Alors , puisque tu connais la suite, tu te rends compte de plusieurs choses<br /> <br /> <br /> d'abord que j'ai divisé le contenu par 50, et que donc j'ai laissé tomber une multitude de choses passionnantes, mais on n'en serait pas sorti avant<br /> longtemps !<br /> <br /> <br /> Et que j'ai atténué pas mal de choses trop dures à mon goût.<br /> <br /> <br /> Pour dire le vrai, je n'aime pas le profond pessimisme qui ressort de ce texte, au moins par moments.<br /> <br /> <br /> Ce n'est qu'avec pas mal de recul qu'une sorte de vision de sagesse s'en dégage.<br /> <br /> <br /> Dans ma façon de raconter, c'est un peu cette vision que j'essaie de rendre perceptible,<br /> <br /> <br /> sans doute parce que c'est comme ça que je veux comprendre ce récit.<br /> <br /> <br /> Ai-je tort ou pas ? Je ne sais, mais c'est ainsi.<br /> <br /> <br /> Bise, Marie JO<br /> <br /> <br /> bonne journée.<br /> <br /> <br /> <br />