- La Joie - 1 - Approche négative -
Depuis quelques jours, plusieurs de vos articles,
et aussi plusieurs de vos commentaires,
ont évoqué la joie.
Et comme vous avez pu penser, non sans raisons,
que j'étais gagné par une certaine tristesse,
j'ai été amené à me poser quelques questions
du genre de :
C'est quoi la joie ?
Qu'est-ce qui provoque en nous la joie?
Et les mêmes questions valent pour la tristesse.
Ce qui me vient d'abord à l'esprit, c'est plutôt ce que n'est pas la joie.
La joie n'est pas le plaisir
ni la conséquence du plaisir.
Ce plaisir que l'on attend si longtemps,
et qui passe si vite, comme le dit la chanson,
nous laissant Gros-Jean comme devant,
la réitération du plaisir n'y changeant évidemment rien !
La joie n'est pas non plus la privation du plaisir, sa répudiation.
Ce que nous recommandent, voire tentent de nous imposer
quelques esprits chagrins et grincheux,
engoncés qu'ils sont dans leurs lois dites morales,
aussi austères que stupides.
La joie n'est pas davantage le désir.
Désir qui établit en nous une tension temporelle,
une attente inquiète,
que l'on cherche à enjoliver en l'appelant espoir,
mais qui nous torture par le manque,
et qui, s'il est satisfait, nous laisse vides, floués,
nous renvoyant à la case départ d'un jeu de l'oie qui n'en finit jamais.
La joie n'est ni la gaieté chronique et béate,
ni le rire provoqué par une bonne blague ou une pitrerie.
Cette façon d'être n'est qu'un vernis superficiel,
une apparence trompeuse,
un vêtement fragile destiné à masquer notre nudité profonde,
aux autres et à nous mêmes.
La joie n'est pas le résultat du succès d'une entreprise,
d'une victoire, que ce soit pour dominer la nature,
ou pour dominer un adversaire.
Atteindre ce but, difficile,
n'engendre qu'une excitation sotte, et passagère,
et une illusion de toute puissance.
On se retrouve cependant aussi ridiculement démuni
qu'un poisson qui aurait réussi à sauter hors de la rivière
et se retrouverait tout seul au milieu d'un pré.
Quel est donc le secret de la joie ?