- Oniricolage 16 - Solitude 2 - Le rêve : perdu ! -
La Loire a quelque chose d'inquiétant.
Elle n'est qu'une des manifestations de l'eau,
liquide vital certes, mais qui, dans sa simplicité cosmique,
manifeste une sorte de brutalité implacable.
S'approcher d'elle,
comme s'approcher de toute rivière,
même la plus petite, même en apparence insignifiante,
c'est s'approcher d'un mystère,
du mystère du monde physique,
qui demeure sauvage et intraitable.
Sur ses berges,
l'apparition d'étranges personnages nous le rappelle.
Ils ne semblent pas se préoccuper de nous.
Alors mieux vaut se faire discret.
Nous ne sommes pas les maîtres de ce monde.
Et quand vient le soir,
et que les couleurs se retirent,
il faut quitter ces lieux
et "rentrer" dans un abri : ici le mystère est trop grand.
Je suis donc rentré, ce soir là......
solitaire.
Quand on vit "avec quelqu'un",
ce "quelqu'un" joue le rôle d' "alter-ego" : d'un " autre moi ".
On n'est pas seul, croit-on :
on vit avec une sorte de double de soi.
Et on ne se pose pas de question.
Enfin... si, peut-être......
Quand on vit seul, la question se pose.
Elle "s'impose".
Je poursuis donc mon récit
en vous racontant le rêve qui est venu cette nuit là.
*****
J'étais dans une ville , une grande ville,
mais qui m'était totalement inconnue.
J'en ignorais le nom.
Elle n'avait rien d'hostile envers moi
mais je ne savais pas ce que je faisais là.
Je cherchais à comprendre... mais à comprendre quoi ?
Et soudain je me suis aperçu que j'avais perdu mon portefeuille.
C'est-à-dire tous mes "papiers" :
tous ces documents qui disent qui je suis , où j'habite,
ma profession, ma situation sociale, mes numéros de ceci et de cela...
Une profonde angoisse m'a alors envahi.
Les gens autour de moi n'étaient pas hostiles, bien au contraire.
Ils ont deviné ma détresse et se sont approchés de moi.
M'ont interrogé, cherchant eux mêmes à comprendre...
cherchant comment ils pourraient m'aider.
Je ne me souviens pas de leurs paroles,
pas d'avantage des miennes.
D'ailleurs s'ils m'avaient demandé mon nom, ou mon adresse...
je n'aurais peut-être pas su leur répondre.
Savais-je mon nom ?
Savais-je même encore parler ?
Ce n'est pas sûr.
Comment retrouver mes repères ?
Alors j'ai fait quelque chose d'insensé :
je suis parti en exploration de cette ville.
Elle était propre et riche,
De belles rues, de belles maisons, de beaux commerces,
une circulation aisée des voitures.
Mais décidément , je ne la connaissais pas,
et j'ai réalisé que j'étais même incapable de retrouver ces gens aimables
qui m'avaient entouré de leur bienveillance.
Car désormais plus personne ne me regardait.
On ne faisait plus du tout attention à moi.
Là se produisit une chose curieuse.
Je me suis réveillé.
J'ai mis l'ordi en route.
J'ai consulté ma messagerie et les commentaires.
Puis, au bout d'un certain temps, j'ai décidé de me recoucher.
Ce qui est étrange c'est que, une fois à nouveau endormi,
je me suis retrouvé dans cette même grande ville inconnue,
et exactement dans la même situation !
Comme si mon rêve n'avait pas du tout été interrompu.
J'étais donc à nouveau dans cette même situation angoissante,
et dans l'incapacité de retrouver ces gens sympathiques qui me parlaient,
et qui, même s'ils m'étaient inconnus,
constituaient quand même une sorte de sécurité pour moi.
Je ne me souviens pas d'avoir ressenti cela déjà.
Une telle perte de mes repères, pas seulement géographiques,
mais relationnels, et même identitaires.
Je pensais à ces gens qui semblaient très sincères dans leur désir de m'aider.
Ils devaient se demander pourquoi j'étais ainsi parti,
et ils étaient eux même dans l'incapacité de me retrouver.
C'est alors que ....
à suivre !