- Oniricolage 15 - Solitude - 1 - Et le petit paon -
Solitude - 1
Le train de pensées que je vais essayer de former là
est né avant-hier soir, du fait de micro-évènements.
Il est temps que je les relate sinon ils vont s’estomper
et disparaître aussi sûrement qu'un rêve de la nuit.
À se demander si les évènements de nos vies
sont si différents que cela de nos rêves.
Dans l’immédiateté du temps, il semble que oui.
***
Avant-hier je me suis rendu au bord de la Loire,
dans le coin le plus inaccessible que je connaisse,
là où je rejoins l’île d’Onirikou…..
Mais j’ai beaucoup tardé pour quitter ces lieux étranges.
Le soleil s'est mis à tourner son rhéostat d’une inquiétante façon,
plongeant dans de sombres nuages.
Une sorte de crainte s’est emparée de moi.
Je m’étais aventuré avec Pistache dans une zone difficile :
lits de graviers, bancs de sable, îlots de végétation folle.
Le tout bien sec, certes,
mais le retour soudain des eaux du fleuve, en cette heure incertaine,
ne me paraissait pas impossible.
J’ai ressenti le désir de rejoindre une route « normale » au plus vite,
une zone civilisée, en quelque sorte,
me disant que, lorsque je m’y trouverais, je serai en sûreté !
Après deux km de trous et de bosses,
j’ai enfin rejoint la route,
et joui intensément,
sur cette piste impeccable,
et incroyable,
de cet outil magique dont j’ai la chance de disposer :
une auto-mobile !
Cette région est peu peuplée.
Pour rentrer chez moi je ne traverse que deux minuscules villages.
Dans le premier, j’ai aperçu un vieil homme.
Il roulait doucement sur sa bicyclette.
Trajectoire louvoyante.
Aucune hâte ni inquiétude apparente dans sa façon de se déplacer.
Il rejoignait sa petite maison blanche aux volets bleu-lilas.
J’ai imaginé que sa femme l’y attendait,
et avait déjà mis sur la table de cuisine deux couverts.
La soupe aux légumes de son jardin était prête.
Dans le second village, j’ai vu deux jeunes gens.
Vingt ans ?
Le jeune homme était appuyé sur une voiture.
La jeune femme, face à lui, lui expliquait quelque chose.
Manifestement ils faisaient un peu passer le temps.
Un moment de détente partagée,
dans la paix du soir.
Un moment où il jouissaient d'être deux.
En attendant peut-être le moment d'unir leurs vies.
J’ai alors réalisé que moi, j’étais seul !
Pistache me ramenait « chez moi ».
Mais « chez moi », personne n’attendait.
Et soudain j’ai repensé à ma voisine
(épisodique : maison secondaire).
Elle et son mari, nous les connaissions depuis 30 ans.
Or son mari est mort il y a très peu de temps.
Elle m’a présenté un homme avec qui elle vit désormais,
un nouveau veuf.
« Nous avons uni nos solitudes »
m’a-t-elle dit.
Bien.
Mais elle a ajouté :
« Et vous,
vous allez vous mettre avec quelqu’un. »
Sous entendu
« Bien sûr ».
J’ai répondu :
« Bien sûr que non !
J’apprécie trop d’être libre ! »
Elle :
« Mais on ne peut rester seul ! »
« Et pourquoi ? »
lui ai-je demandé.
Pensant :
quoi, faut-il « prendre » quelqu’un
comme on prendrait un chien,
ou un poisson rouge ?
Simplement pour n’être pas seul… ?
Tout en remuant ces réflexions
je suis finalement rentré « chez moi »
et me suis fait un gaspacho.
Enfin… à ma façon,
Mais je me suis régalé.
Bon, je m’aperçois que la suite,
à savoir un rêve que j’ai fait dans la nuit qui a suivi,
va donner un article trop long.
Alors je vais ne la mettre (la suite) que demain.
Ne sachant comment illustrer ce mot
Je vous montre ma dernière trouvaille.
Un grèbe à queue de paon.
Comme la queue n’est pas bien grande,
il s’appellera : « petit paon ».
à plus