- Texte mystère N° 15 : une région où la vie se fait rare -
La vision d'un pays
que l'on offre aux touristes
cherche l'exceptionnel, le grandiose,
le glorierux, le bruyant.
Le texte qui suit n'ira pas dans ce sens.
Il montre une vie qui se cache,
et qui a bien du mal à se maintenir.
La vie ne va pas de soi.
Bien fous sommes-nous de n'en pas percevoir l'extrême fragilité.
Nos conflits humains,
notre goût pour le luxe,
et pour nos orgueilleuses réalisations,
palais, temples,
tout cela est d'une totale stupidité.
La lumière, en cette partie du monde,
a une qualité de pénétration et d'éclat qui n'aveugle pas.
Il y avait un parfum de sumac,
d'oranges et d'eucalyptus.
Il n'avait pas plu depuis de nombreux mois
et la terre était racornie, sèche, craquelée.
On voyait à l'occasion des cerfs dans les collines,
et une fois on vit, errant sur la hauteur,
un ours couvert de poussière et dépenaillé.
Sur le sentier passaient souvent des serpents à sonnettes
et l'on pouvait voir de temps en temps un crapaud à corne.
Sur la piste
vous ne rencontriez presque personne.
C'était une piste poussiéreuse, rocheuse,
et son silence était total.
Juste devant vous était une caille avec ses petits.
Ils devaient être plus d'une douzaine, immobiles,
qui faisaient semblant de ne pas exister.
Plus vous grimpiez,
plus le site devenait sauvage
car il n'y avait pas d'eau,
donc pas d'habitations.
Il n'y avait aucun oiseau non plus,
et presque aucun arbre.
Le soleil était très ardent,
sa morsure vous pénétrait.