- La Joie - 3 - Sa dépendance aux objets - Le désir -
La joie que nous ressentons du fait d'un évènement heureux,
une rencontre imprévue,
ou espérée et enfin réalisée,
une réussite dans ce que nous entreprenons,
un voyage,
une relation amoureuse,
cette joie est réelle.
Et nous pouvons la goûter.
Je ne parle pas de l'excitation joyeuse
à laquelle nous pouvons parfois nous laisser aller
quand nous nous trouvons dans une ambiance festive...
L'hilarité générale peut nous influencer,
et nous pouvons même nous mettre à rire !
Effet de groupe, imitation.
Passivité, en fait.
Gaieté superficielle.
Rideau provisoire pour masquer notre vie personnelle.
Fuite loin de nous-même.
Hasardeuse technique de refoulement.
L'alcool, le tabac, ou d'autres drogues,
(même pharmaceutiques !)
peuvent y aider.
Rien à voir avec la joie.
Je parle de la joie très réelle et très précieuse
que nous ressentons parfois, sans l'avoir cherchée,
quand par exemple une personne nous dit quelque chose de gentil,
ou nous montre sa propre joie de ce que nous avons fait pour elle.
Nous sommes surpris, touchés au plus sensible de nous.
Une voiture arrive à un passage clouté.
Un piéton est sur le point de s'engager, mais ne le fait pas.
La voiture s'arrête cependant
et son chauffeur fait un signe : passez, je vous en prie.
La personne passe et adresse un sourire à l'automobiliste
qui lui sourit de même, avec, lui aussi, un petit geste de la main.
Presque rien...
Beaucoup cependant !
Un échange de 3 à 4 secondes où est passé le meilleur !
Un bref instant durant lequel le temps s'est arrêté :
où une fenêtre s'est ouverte sur le paradis,
où une étincelle d'éternité a brillé ,
a réchauffé d'un seul coup deux coeurs.
Mais voilà :
Ce genre de joie
(bien réelle, je le répète, extrêmement précieuse)
cette joie est fugace.
Elle est totalement dépendante de l'extérieur.
Si notre joie n'a pas une autre source, nous sommes en grand danger.
En grand danger de basculer dans la tristesse.
Quand nous serons en but à une manifestation de mépris.
Ou que, simplement, on nous aura ignoré.
Ou pire : agressé, ridiculisé, exploité, trompé,
utilisé comme un objet, écarté, répudié, lésé, insulté.
Ou bien parce que la personne que nous désirons rencontrer
est absente, injoignable, indisponible,
ou même n'est plus "de ce monde"
ce qui peut être ressenti comme un suprême abandon,
une révoltante injustice.
Or nous aspirons à connaître la joie.
Sinon pourquoi vivre ?
C'est ça le désir.
Quand on dit "désir", on pense au désir sexuel.
Ou disons : amoureux.
C'est bien entendu une réalité !
Mais le désir est multiforme.
Je puis désirer avoir de belles fleurs dans mon jardin.
Ou traverser l'Atlantique à la voile,
ou à la rame,
ou même à la nage !!!
Ou monter sur le Kilimandjaro,
ou aller sur Mars.
Rien ne limite mon désir.
Il en est quelques-uns que je puis réaliser.
Désirer nous pousse à chercher activement,
chercher à provoquer ces plaisirs dont nous venons de parler :
plaisirs bien réels, mais fugaces,
qu'il faut donc sans cesse renouveler.
Mais ces désirs son trompeurs.
Ils sont soumis au temps.
Temps d'attente.
Ce qui va avec une crainte que notre tentative échoue.
Et elle échoue souvent !
Le désir est-il un plaisir ?
Si nos échecs ont été trop nombreux, il peut devenir torture.
Nous pouvons être amenés à lutter contre le désir
pour nous épargner cette souffrance.
Mais que devient la vie sans désir ?
à suivre......