Les aventures de Mélosa, l'autruchette * - Comment va-t-elle se libérer de sa mère Autruche ? -
Tout est dit dans les quatre commentaires !
1- Mélosa doit se séparer de sa mère.
Dit comme ça, cela semble évident et facile.....
Voire !
Pendant 9 mois, Mélosa avait vécu dans le ventre de sa mère.
Ah oui, j'avais oublié de vous dire qu'il s'agissait d'une race particulière d'autruche qui se reproduisait comme les mammifères...Bin oui...!
Lors de l'accouchement, les corps s'étaient séparés, celui de la mère, et celui de la fille. Mais quid des psychismes ?
Il faut souvent des années et des années pour qu'une petite autruche pense par elle-même, désire par elle -même, juge par elle-même des situations.
Ou plutôt pour qu'elle ne se sente plus coupable de le faire.
Pour ce qui est de Mélosa, elle avait toujours eu l'impression d'appartenir à sa mère, de devoir lui rendre des comptes sur tout, et quand elle ne le faisait pas, elle avait l'impression d'être en faute, de voler quelque chose à sa mère !
Que lui volait-elle au fait ?
Elle -même !
Car elle se sentait tellement " la chose " de sa mère, qu'elle avait l'impression de lui dérober cette "chose" en devenant une personne par elle-même, en possédant ses propres gyroscopes.
Elle n'arrivait pas à concevoir qu'elle pouvait devenir propriétaire d'elle même, de sa propre personne !
Or une personne n'est pas une chose, et ne peut donc " appartenir " à une autre personne. Ni une fille à sa mère, ni une épouse à son mari, ni un mari à sa femme.
Aimer l'autre, ce n'est pas le posséder.
C'est antinomique !
Dès que la possession étend son manteau d'ombre,
l'amour manque d'oxygène, étouffe.
Or dans la tête de cette autruchette là, l'idée flottait comme quoi sa mère s'était tant sacrifiée pour elle qu'elle se croyait tenue de rester à vie son esclave, que dis-je, sa prothèse !
Comment sortir de là ?
L'éloignement géographique est utile, mais ne suffit pas .
La mutation essentielle, c'est dans le psychisme qu'elle doit se produire.
2- C'est là où doit (ou devrait) intervenir le père.
Qu'est-ce qu'un père ?
Dans nos civilisations, on le confond avec le géniteur, et de fait c'est souvent lui aussi , et c'est bien commode, et c'est très bien ainsi.
Mais cette confusion fait que l'on oublie l'essentiel : qu' être père, ce n'est pas d'abord et essentiellement un fait biologique, c'est une fonction psychologique, un rôle à jouer, une responsabilité dans la maturation psychique de l'enfant.
Et pour l'instant on ne s'occupe que de la fille.
Le père, c'est l'homme de la mère.
Celui avec lequel elle couche.
Ce qu'elle fait au juste avec lui ne regarde qu'elle.
Mais c'est celui qui est censé lui donner tout ce dont elle a besoin en fait de tendresse, de plaisirs, de présence.
Il la comble, il fait d'elle une femme heureuse, complète.
Elle va pouvoir aimer ses enfants, et supporter de les voir se détacher d'elle sans crier qu'on lui arrache le coeur, et le ventre.
Le père (l'homme de la mère) va jouer un autre rôle , essentiel, vis à vis de sa fille, mais j'en parlerai bien plus tard.
Je me contente aujourd'hui de souligner que c'est celui qui, par sa seule présence, en tant qu'amant de la mère, va permettre à celle-ci de laisser s'éloigner l'enfant sans angoisse majeure pour cette mère.
C'est alors la fin du sevrage, qui est à deux faces : le sevrage de l'enfant, qui va se mettre à téter d'autres laits, mais aussi le sevrage de la mère, qui va utiliser ses mamelles pour d'autres usages que celui de nourrir ses enfants.
3- On pourrait essayer de décrire cette évolution comme une modification des images :
l'image que la mère a de sa fille, et qu'elle va lui transmettre;
l'image que la fille se fait de sa mère, et se fait d'elle même.
Je trouve vraiment excellentes ces phrases d'Ama :
Je pense que j'ai enfin quitté le jugement que j'avais sur elle qui l'enfermait, comme le sien m'avait rendue captive.
Je commence à penser réellement que la cousine de l'autruchette que je suis, a eu la chance de comprendre qu'elle était enfermée par le regard de sa mère. Et ça aussi, à l'intérieur de moi, je lui ai rendu.
Et depuis,je suis impressionnée par le regard de moi-même sur moi qui s'est transformé.
Alors, courage à nous toutes, petites autruchettes ou cousines d'autruchettes, séparons-nous de la vie de nos mamans autruches en accueillant le fait qu'elles sont/ont été elles-mêmes enfermées, et vivons nos vies.
C'est bien en effet une histoire d'images :
image que l'on se fait de l'autre,
image que l'on a de soi même.
Et elles sont liées !
On ne peut les changer que toutes ensemble.
L'image que ma mère se faisait de moi m'enfermait (me rendait captive, dit Ama ) et j'avais de moi même la même image : partage des mêmes dossiers informatiques entre deux ordi qui seraient reliés l'un à l'autre. Et cela me fait penser à ces mères qui se donnent le droit d'ouvrir le courrier de leur fille, et parfois jusqu'à 20 ans, oui oui !
Mais en retour, l'image que je me fais de ma mère l'enfermait à son tour.
Posait sur sa vie des interdits.
Avait-elle encore le droit (dans mon coeur) de trouver le meilleur, et la source de sa joie, dans les bras de son homme ? N'étais-je pas son seul amour ?
Et là je pense à ces enfants, filles ou garçons, qui s'opposent à ce que leur mère, veuve, se remarie !
4- Mais que ce passe-t-il si la mère, coincée dans ses impasses affectives, ses drames personnels, ne veut pas laisser sa fille (ou son garçon ) s'éloigner ?
L'enfant est-il condamné à rester la jambe de bois de la mère ?
Doit-il attendre que sa mère meurt pour avoir le droit de vivre enfin sa vie ?
Et puis, j'ai remarqué que la maman de la cousine de petite autruchette que je suis, elle se met la tête dans le sable depuis longtemps ; elle ne peut pas se dire qu'elle est autruche ou cousine d'autruche ; mais là, rien ne sert de vouloir la convaincre ! peine perdue ! ça ne peut que faire tourner tout le monde en rond et d'une manière mauvaise pour les deux parties.
Gardons notre énergie pour vivre !
Si la mère autruche se met la tête dans le sable, si elle ne veut pas voir sa fille changer, c'est bien dommage pour elle, mais c'est sa liberté, d'évoluer ou de refuser d'évoluer.
La fille , de toutes façons, que le mère évolue ou pas, doit se séparer de sa mère et choisir librement son propre destin.
Le sevrage , c'est la séparation des destins.
C'est là où intervient (devrait intervenir) le père : c'est lui l'agent et le garant de cette séparation. On pourrait parfois dire de la castration de la mère...
Le père, ou un substitut du père : un autre homme, de la famille, ou pas, un homme ou une femme, peu importe (c'est un rôle, pas un problème de sexe, même si l'image de l'homme est, disons, plus traditionnelle). Ce peut être un PSY, ou une PSY : toutes ces personnes vont jouer le rôle (indispensable) du père.
Pourquoi indispensable ?
C'est comme pour un levier : il lui faut un point fixe sur lequel il va s'appuyer pour soulever le monde.
La fille a besoin d'un appui extérieur pour soulever sa mère, et lui donner une autre place par rapport à elle même.
Sans cet appui, elle n'y arrivera pas, et restera sa vie durant prisonnière de la matrice, et nourrie d'un lait qui a de beaucoup dépassé sa date de péremption et est devenu toxique.
5- Je viens de découvrir un excellent article qu'a publié Littorine : merveilleuse coïncidence.
Littorine nous donne un texte de Thomas Wolfe : je vous convie tous à aller chez Littorine, ce qu'elle écrit est parfait !
http://bigorneau.over-blog.fr/article-une-quete-52398953-comments.html#anchorComment
Excellent aussi le commentaire que lui a laissé Aude !
Aude souligne que ces modèles qui vont servir à la fille pour prendre le large et mettre le cap sur son destin perso, que ces modèles ont eux aussi à disparaître un jour :
il faudra aussi quitter le père.
Son rôle n'est que celui d'un passeur, pas d'un compagnon pour la vie !
Alors la fille devient une femme, libre, debout.
Le "père" est devenu alors un père intérieur, garant de l'indépendance sans retour possible de la fille en arrière.
C'est ça la liberté, dit très bien Aude.
Ce jour là le bigorneau cessera définitivement d'être ventousé à son rocher : il deviendra poisson de haute mer, et peut-être ....une autre mère.
Mais ceci est une autre histoire.
6- Bon,j'ai peut-être dit quelques bêtises, et pas le quart de ce qu'il fallait,
Par exemple je n'ai pas parlé de ce que devient l'amour Mère >><< Fille une fois que cette transformation-mutation de leur relation a eu lieu ( et c'est l'une des relations les plus heureuses et des plus gratifiantes qui soient !).
Mais tant pis , j'arrête là, car... F est arrivé !!!!!
Salut les amies !