Promenades philosophiques - 11 - Je fracasserai les barres de bronze... Isaïe 45 -
Voici la troisième strophe.
Rappelez-vous :
les Filles du Soleil
vers la lumière
m'ont conduit.
Allons-nous pour autant, aussi facilement,
accéder à la source parfaite de la lumière ?
Tout doux ......... un obstacle se dresse encore :
des portes,
et elles sont fermées !
Parmenide nous les décrit minutieusement :
C'est là que se trouvent les portes qui,
sur les chemins de la Nuit et du Jour, sont fermées,
avec en haut une poutre transversale,
et en bas un seuil dans la pierre façonné,
et les portes, dressées dans l'air,
sont fermées par de puissants battants.
Et la Justice, irréductible,
garde les verrous au double mouvement.
Nous allons réfléchir sur les six premiers vers.
Les deux derniers , ça sera pour demain.
C'est là que se trouvent les portes qui,
sur les chemins de la Nuit et du Jour, sont fermées,
Que signifient ces portes ?
Pourquoi ne passe-t-on pas insensiblement
du domaine de la nuit au domaine du jour ?
Pouquoi cette frontière à passer ?
Comment ces portes vont-elles pouvoir s'ouvrir ?
Considérons d'abord comment elles sont construites.
Voici donc, après celle des roues, une deuxième description bien curieuse.
avec en haut une poutre transversale,
et en bas un seuil dans la pierre façonné,
et les portes, dressées dans l'air,
sont fermées par de puissants battants.
Quel intérêt peut bien avoir cette description ?
Là encore il s'agit de nommer des mécanismes psychologiques.
Ceux là même que Freud s'efforcera d'élucider,
puis sa fille Anna, quand elle étudiera les "mécanismes de défense".
L'évolution de l'être humain,
son évolution psychologique, affective, ne va pas de soi,
elle ne coule pas comme un ruisseau tranquille.
Des forces s'opposent à l'avancée de l'être,
on pourrait dire à l'instauration du royaume de la Personne,
ou, en autre langage (mais cela veut dire la même chose)
à l'établissement du royaume de dieu.
Ces obstacles sont très puissants.
Si Parménide nous donne des détails si précis,
c'est pour nous montrer l'importance de ces forces qui barrent notre route.
Il n'est pas le premier à décrire ces portes fermées.
Retournons au texte biblique : isaïe 45,
qui est à peu près contemporain de Parménide :
Oracle du Seigneur à son oint
qu'il a pris par la main droite
.........
pour que s'ouvrent les portes.
Moi, je marcherai devant toi
en nivelant les hauteurs.
Je fracasserai les barres de bronze,
je briserai les barres de fer.
Formidable texte !
Le vocabulaire diffère.
Ici c'est "le Seigneur"
chez Parménide, ce sont les filles du soleil.
Mais l'idée est la même,
et le symbole est le même :
la route est barrée,
nous nous heurtons à des portes fermées.
Comment allons-nous pouvoir les franchir ?