- Promenades philosophiques - 20 - Être et Exister, est-ce la même chose ?
Si je vous ai parlé des Aryens
c'était seulement pour ne pas vous dire sèchement
que notre verbe ÊTRE avait une racine indo-européenne.
Une telle affirmation ne permet pas de se rendre compte
que derrière elle se cache une histoire humaine bien concrète
qui a duré des millénaires.
Une racine, ou plutôt des racines ....
L'une d'elle est " ES " : elle signifie : se trouver, résider.
L'autre est " STA " : elle signifie : être debout.
Nous allons retrouver dans nos langues le prolongement de ces racines sanscrites.
Ainsi en ancien français nous avons ESTER : se tenir debout, rester, demeurer.
Il indique l'état, , la situation, la localisation.
Dans le français actuel subsiste l'expression : " ester en justice " .
Elle signifie : se tenir devant le tribunal, pour soutenir une action en justice.
En latin nous avons STARE : se tenir debout
et SISTERE : être placé.
En grec, nous avons le mot " STASIS "
(d'où nous viendront : STATIQUE, état, étable, établir, stable, station, et beaucoup d'autres mots).
" Être debout "
se dit en Allemand " Stehen ",
et en Anglais " To stand ".
Nous sommes bien dans une même "famille" de mots.
Mais revenons au français.
Notre verbe ÊTRE vient de là : je suis, tu es, il est, était....
(pour être plus complet,
mais je le mets en jaune, car cela peut n'être pas lu
par qui penserait que c'est trop compliqué,
notre verbe être (qui est bien complexe, il faut l'avouer !)
utilise encore une autre racine indo-européenne,
ainsi pour "je fus"
suivant en cela le latin, dans "fui".)
Mais notre intention était de comparer
le verbe ÊTRE
avec le verbe EXISTER.
Et cette comparaison va nous révéler la beauté du verbe ÊTRE,
et finalement ce que signifie profondément ÊTRE !
Regarder bien le mot EXISTER.
Il est fait du mot ESTER
(ou ISTER, mais c'est pareil : les mots sont construits sur les consonnes,
pas sur les voyelles.
Les consonnes en sont l'armature, la structure, le squelette,
les voyelles ne sont que des couleurs, variables, ou la chair, où le vêtement qui habille.)
Il est donc fait du mot ESTER, se tenir debout.
Comparer le avec " ÊTRE "
(le S a disparu
mais sa trace demeure sous la forme de l'accent circonflexe,
comme dans le mot HÔPITAL...
le S réapparaissant dans le mot HOSPITALISATION)
ou si vous préférez : SISTERE, être placé.
Mais ces mots essentiels sont là précédés du petit mot " EX "
qui signifie " au dehors ".
Et là, ça change tout !!!!!
EXISTER signifie " se manifester, se montrer " = être au dehors.
Nous plongeons là directement au coeur de la philosophie
pour ne pas dire de la métaphysique !
Dieu existe-t-il ?
Bien sûr que non !
Et par définition même.
Si dieu il y a, il EST ,
mais il n' EX - ISTE pas !!!!
Nous, nous EX - ISTONS.
Enfin , au moins le temps que dure notre vie.
Le temps que dure notre " EXISTENCE " .
Après notre mort, nous n' EX - ISTONS plus.
Mais sommes-nous encore ?
La réponse du matérialiste est non.
Car il ne croit qu'à ce qu'il voit, qu'à ce qui se manifeste,
qu'à ce que ce qui est "en dehors".
Je ne suis pas matérialiste, je réponds donc : oui.
Et là je reviens à Parménide :
à la conclusion de son poème :
l' ÊTRE EST .
Regardez comme ça va loin.
Nos religions,
qui étaient les premières tentatives de philosopher,
ont abordé ce problème.
Le christianisme.
" Je suis ", disait Jésus.
Et les pharisiens, qui savaient ce que cela signifiait, ne le supportaient pas !!!!
Quand au SINAÏ dieu dit son nom à Moïse, il lui dit 4 consonnes
- iod - hé - wav - hé -
qui, traduites en français , peuvent signifier :
"Je suis qui je suis"
ou "je suis celui qui est "
ou " je suis qui je serai".
(car les "temps" de l'hébreu ne recoupent pas les nôtres)
Mais dans tous les cas, il s'agit du verbe ÊTRE.
Le veux conclure plus légèrement.
La vie du corps, dans lequel nous nous manifestons " à l'extérieur "
,
peut bien être détruite par la mort.
La vie de l'esprit : NON .
Notre vie est une manifestation passagère de l' ÊTRE.
La mort met un terme à l' EX - ISTENCE,
c'est-à-dire à cette manifestation ( à l'extérieur) de l' ÊTRE.
Mais la mort ne saurait atteindre l' ÊTRE.
C'était, je crois le message de PARMENIDE.