Promenades philosophiques - 16 - Dieu est-il un macho ? Ou a-t-il un coeur de femme ? -
Quatre vers seulement, aujourd'hui,
cela va vous paraître peu....
Bon, bin.... ça va nous reposer, pas vrai !
La Divinité me regarda
me reçut avec bienveillance,
prit ma main droite dans sa main,
et me dit les paroles suivantes :
ça y est !
Parménide est arrivé devant la divinité,
la déesse suprême.
C'est probablement la déesse " Alèthéia ",
mot grec qui signifie "la vérité".
On a souvent reproché au dieu des philosophes
d'être une abstraction, une idée, un concept.
Nous allons voir que, pour ce qui est de Parménide, il n'en est rien.
On peut faire le reproche inverse au dieu judéo-chrétien
car il est souvent représenté comme bien trop anthropomorphisé,
lié à des personnages historiques d'une façon outrancière.
Les croyants (catho) ne vont-ils pas jusqu'à se vanter que leur dieu
ne soit pas celui des philosophes
mais celui d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.
Je n'ai rien contre Abraham ni contre ses descendants
dont l'histoire est captivante, mais tout de même......
D'emblée un fait me frappe :
l'attitude de cette déesse Alèthéia
est très différente de celle du dieu de Moïse !
Rappelons-nous l'entrevue de ces deux derniers au Sinaï :
C'est en tremblant que Moïse fait la grimpette
pour rencontrer son dieu furibard et pétaradant,
si agité que la montagne en tremble !
Et comme Moïse est fait à l'image...
de l'image qu'il se fait de dieu,
il va, en redescendant, piquer une colère mémorable,
et casser en mille morceaux, en les jetant par terre,
les tables de la loi que son dieu vient juste de lui pyrograver.
Un vrai scénario de film catastrophe !
Quel contraste avec l'accueil de Parménide par sa déesse !
Cet accueil est empreint de douceur, de tendresse, de confiance,
et disons le carrément : d'amour.
Il est vrai que ce dieu est mis au féminin.
Qu'est-ce qui autorise les chrétiens à prétendre que leur dieu, et lui seul,
serait un dieu d'amour,
et que les autres seraient froids, coupants,
indifférents aux joies et aux souffrances des humains ?
Relisons cette parole si belle :
La Divinité me regarda
Oh... être regardé par une déesse, vous imaginez ?
Non pas une déesse qui s'apprête à tancer, à juger, à punir, à mépriser.
Non !
Car son regard est bienveillant.
Bien - veillant.
Le bien se lit dans son regard.
Et l'intérêt, et la considération.
C'est un regard chargé d'amour,
il est bien - faisant : il fait du bien.
Il est apaisant, comme un air humide et doux
qui vient tempérer une journée trop ensoleillée.
Poursuivons :
Elle prit ma main droite dans sa main,
Merveille encore !
Rencontre sublime, véritablement divine.
Il est vrai que les poètes d'Israël ... pardon, les prophètes,
(mals est-ce différent ?)
avaient de telles visions.
Ainsi dans Isaïe 45 déjà cité :
oracle du Seigneur à son oint
qu'il a pris par la main droite.
La main droite...
La main droite symbolise notre capacité d'action.
Si la divinité prend un humain par la main droite
cela équivaut à bénir ce qu'il entreprend.
Son action est reconnue, et comme élevée au rang d'action divine.
Mais la déesse va parler :
elle me dit les paroles suivantes :
Encore une fois c'est la même situation qu'en Isaïe 45 :
car le mot oracle vient du latin ORARE = parler, et os , oris = la bouche.
oracle du Seigneur = les paroles qui sortent de sa bouche.
Ces paroles qui sortent de sa bouche viendront dans mon oreille,
mais, symboliquement, c'est comme si elles venaient dans ma propre bouche
puisque je vais les redire.
C'est cela que l'on appelle la communication "orale",
la tradition orale.
Elle est un bouche à bouche.
Ce poème a été écrit en vers
(ce dont on ne se rend pas compte avec la traduction)
et il était destiné à être appris par coeur et récité.
Un peu comme le prologue de l'évangile de Jean.