Promenades philosophiques - 8 - La pensée grecque est notre lumière -
Poursuivons notre lecture.
Sur la route qui mène à travers l'univers l'homme qui réfléchit.
Je vois ce que vous allez dire,
en vous mettant à ma place...
Mais ne savez-vous pas que
" qui va piano va sano " ?
Et n'avons-nous pas tout notre temps ?
¨Moi, je m'émerveille :
cette route, que nous allons prendre, elle mène
à travers l'univers
c'est-à-dire qu'elle mène partout !
Elle ne mène pas seulement partout dans notre univers matériel,
de l'atome à la galaxie,
elle mène aussi à travers l'univers psychique
et jusqu'au plus profond du mystère divin,
c'est-à-dire jusqu'en ce lieu primordial où notre âme désire aller.
Tagore lui aussi avait ce désir
mais il se lamentait, désespèrait , et s'épuisait :
" Mon âme s'épuise
en son désir d'atteindre les sphères inconnues "
Pauvre Tagore.
Écoutons plutôt Parménide
(et apprécions le progrès très important
que la philosophie grecque nous offre
par rapport à l'antique vision orientale,
qu'elle soit hindouiste ou bouddhiste).
Sur la route qui mène à travers l'univers
l'homme qui réfléchit.
Pour Parménide , si vous voulez avancer sur cette route,
il faut tout de même faire quelque chose.
Il faut réfléchir.
Ré - fléchir.
Si vous ne le faites pas, les Cavales ne vous emmèneront pas.
Et de ce fait, sur cette route, l'homme inattentif ne pourra pas s'engager.
Ni celui qui se laisse entièrement absorber par un intérêt matériel,
ou qui consacre toute son énergie à son "travail",
ou même à son art,
ou même à sa "religion" !
Pas plus celui qui cherche, et trouve, des "distractions", des "passe-temps".
Ou des consolations dans les "plaisirs".
Non que toutes ces "occupations" soient sans valeur.
Mais aucune de ces voies ne s'ouvrira sur la "route du divin"
si ne s'y ajoute pas une réflexion,
si le sujet, en ne prenant pas de recul par rapport à son action,
ne parvient pas à se re-tourner, à se voir en train d'agir.
Je pourrais vous parler d'Arjuna,
lorsqu'il part en guerre contre les Pandavas.
Quel merveilleux récit !
Mais prenons un exemple plus simple : un alpiniste.
S'il se soucie uniquement de ses prouesses techniques,
dont il tire gloire,
et s'il ne cesse de s'en féliciter que pour prévoir les suivantes,
il n'est sûrement pas un homme " qui réfléchit ".
Il est perdu dans son action.
Mais bivouaquer à 7000 mètres d'altitude
peut être une excellent occasion de faire un re-tour sur soi.
C'est cela, réfléchir.
La route du divin commence donc par une observation de soi même.
"Connais-toi toi-même"
est justement le précepte qui était gravé sur le fronton du temple de Delphes.
La pensée grecque est notre lumière.
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