Un conte merveilleux * : L’oiseau de Vérité
J'ai déjà publié ce conte
je le mets à nouveau ce jour car il m'est venu à l'esprit
après le rêve des oiseaux-secouristes.
Il y est encore question d'un oiseau !
Je laisse les premiers commentaires
car beaucoup sont très intéressants.
Ce conte est long....
mais vous avez tout le week-end !
L’oiseau de Vérité
Il y a très longtemps vivaient un homme et une femme qui avaient trois filles.
La plus jeune des trois sœurs était née bien après les autres
et sa mère la détestait, car elle ne l’avait pas désirée.
Elle préférait les aînées, qui en profitaient et maltraitaient leur plus jeune sœur.
Un jour le roi est venu par là, sans se montrer.
Il voulait voir ce qui se passait sur ses terres.
Il a vu les trois sœurs dans la cour.
Les deux aînées étaient assises
et regardaient leur sœur cadette qui revenait de travailler.
La plus âgée a dit :
« Tu es trop laide pour trouver un mari, et bien trop maladroite.
Tandis que moi, si j’épousais le premier cuisinier du roi,
je sais si bien faire la cuisine que le roi se régalerait ».
Et la seconde a renchéri :
« Et moi aussi, si j’épousais le premier tisserand du roi,
je sais si bien tisser les draps que je tisserais pour le roi
des draps plus légers que les rêves, et il ne pourrait plus s’en passer ».
Quand elle a entendu ses sœurs, la plus jeune a dit à son tour :
« Ce que vous dites est vrai,
mais moi, si je me mariais avec notre roi si gentil,
je lui donnerais trois enfants,
deux beaux garçons,
et une fille, portant étoile et soleil sur le front ».
Alors le roi s’est montré
et a annoncé aux trois sœurs que leurs souhaits seraient exaucés.
Et la première a épousé le cuisinier du palais,
la seconde s’est mariée avec celui qui tissait les draps du roi,
et la dernière a été unie au roi.
Les mariages une fois conclu, les trois sœurs sont venues vivre au palais,
mais chacune chez son mari.
L’aînée est allée dans la cuisine,
la seconde dans l’atelier,
et la dernière a suivi le roi.
Leur mère a été logée tout à côté.
Mais les deux sœurs étaient si jalouses du bonheur de leur cadette
qu’elles en ont oublié le leur,
et elles ont décidé, avec leur mère de se venger.
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Alors est arrivée la nouvelle
que la jeune reine attendait un enfant du roi.
Le roi en a été tout réjoui,
mais les trois jalouses, en revanche, en ont été très dépitées.
Alors elles se sont proposées pour aider à l’accouchement
et se sont arrangées pour être seules avec la reine.
Ainsi qu’elle l’avait prédit, la reine a accouché d’un garçon
dont le front s’ornait d’un soleil.
Mais les trois femmes, sans pitié,
l’ont déposé dans un panier qu’elles ont jeté à la rivière.
A sa place, elles ont mis un chien,
un vilain petit chien tout noir, et elles ont crié dans le palais :
« La reine a accouché d’un chien !
La reine a accouché d’un chien ! ».
Le roi a fait étouffer l’incident,
car il aimait trop son épouse pour permettre qu’on en dise du mal.
Il a tout fait pour la consoler et lui faire oublier ce drame.
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Quant à l'enfant,
la rivière l’a emmené jusqu’au bout des jardins du roi,
là où vivait son intendant.
C’était un homme déjà vieux, qui habitait avec sa femme,
et la tristesse de leur vie, c’était qu’ils n’avaient pas d’enfants.
Quand ils ont aperçu le panier abandonné sur la rivière
et ont découvert cet enfant au front décoré d’un soleil,
ils ont été tout émerveillés.
Ils l’ont emmené dans leur maison et ont décidé de le garder.
Ils lui ont donné le nom de « Grand Soleil »
non seulement à cause du soleil qu’il portait sur son front,
mais aussi pour tout le bonheur qu’il apportait dans la maison.
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Une nouvelle fois la reine a attendu un enfant.
Le roi en a été tout réjoui,
mais à nouveau ses deux aînées complotèrent avec la mère,
et firent exactement comme la première fois :
elles jetèrent dans la rivière le second fils de leur sœur.
Il avait comme le premier un beau soleil sur le front.
À la place elles mirent dans le berceau
un vilain petit chat boiteux.
Puis elles ont crié dans le palais :
« La reine a accouché d’un chat !
La reine a accouché d’un chat ! »
Le roi est resté silencieux,
car il aimait tant son épouse qu’il n’osait penser à mal,
et il voulait encore la sauver.
Et comme la première fois,
la rivière a emmené l’enfant tout au bout des jardins du roi,
l’intendant l’a découvert et, tout heureux, l’a adopté,
et nommé « Petit Soleil » parce qu’il était arrivé en second.
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Une troisième fois la reine a attendu un enfant.
Dans le palais, tout le monde était inquiet.
Seules les trois méchantes femmes se réjouissaient à l’avance,
car elles savaient que cette fois le roi ne pardonnerait pas.
Quand la reine a accouché,
elle a mis au monde une fille
belle comme l’aurore,
et dont le front s’ornait d’une étoile.
Les trois femmes ont jeté cette enfant dans la rivière
et déposé à la place un horrible morceau de bois,
et elles ont crié dans le palais
que la reine avait accouché d’un horrible morceau de bois.
Alors le roi a cru devenir fou.
Tout l’amour qu’il avait pour la reine s’est transformé en une horrible colère.
Il a fait fabriquer une cage,
une cage comme pour les bêtes,
l’a fait installer sur la place,
la place qui est devant le palais,
y a fait enfermer sa femme,
puis a ordonné à ses sujets
de cracher chaque jour sur elle pour lui faire expier son crime.
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Comme les précédentes fois,
la rivière a emmené l’enfant vers la maison de l’intendant.
Quand celui-ci et sa femme ont trouvé cette si belle enfant,
plus encore que les autres fois ils l’ont accueillie avec joie,
et ils l’ont appelée « Belle Etoile »,
à cause bien sûr de l’étoile qu’elle portait sur le front,
mais aussi pour tout le bonheur qu’elle introduisait dans leur maison.
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Et le temps passa.
Alors qu’au palais régnaient la colère, les cris et la rancœur,
tout au bout des jardins du roi, les jours passaient avec douceur.
Les trois enfants grandissaient.
Mais jamais les nouveaux parents n’osaient leur avouer
qu’ils n'étaient pas leurs vrais enfants.
L’intendant est devenu très vieux et a dû renoncer à sa charge.
Il fait édifier une très belle maison pour sa femme et ses enfants.
Mais quand la maison a été finie, il est tombé malade,
et sa femme aussi,
et ils moururent tous les deux
avant d’avoir dit à leurs enfants qu’ils n’étaient pas leurs vrais parents.
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Les années passèrent.
Grand Soleil, Petit Soleil et Belle Étoile
devinrent de beaux adolescents,
instruits, adroits, accueillants.
On parla d’eux dans toute la région.
Un jour la cruelle grand-mère entendit parler d’eux
et elle se douta de quelque chose.
Elle vint roder autour de leur maison.
Et quand elle vit les soleils et l’étoile briller sur leurs fronts,
elle les reconnut aussitôt.
Alors elle ne songea plus qu’à leur perte.
Elle s’habilla en mendiante
et se rendit à leur maison à un moment où Belle Étoile était seule.
Elle lui demanda l'aumône, et de pouvoir se reposer.
Belle Étoile l’a fit rentrer, lui donna à manger,
s’occupa d’elle du mieux qu’elle peut.
Alors la vieille demanda s’il était possible
de voir comment la maison était faite.
Belle Étoile était très fière de pouvoir la lui faire visiter,
car elle était certaine qu’aucune autre maison au monde n’était plus belle que la sienne.
La vieille regarda tout, admira tout, lui fit maints compliments,
mais à la fin elle lui dit :
« Votre maison est la plus belle de toutes celles que j’ai vues,
mais elle le serait plus encore
si l’on pouvait y admirer l’Oiseau qui dit la vérité,
l’Arbre qui chante et l’Eau qui danse ».
Alors Belle Étoile fut malheureuse d’apprendre que sa maison
n’était pas vraiment la plus belle de toutes les maisons du monde.
Et la vieille, en la regardant, sut qu’elle avait atteint son but.
Alors elle dit encore :
« Ne soyez pas si malheureuse, vous pouvez trouver ces objets.
La route qui y mène est longue, mais elle passe devant chez vous.
Il vous suffira de marcher pendant un jour et une année,
et quelqu’un vous indiquera où vous pouvez aller les prendre ».
Ayant prononcé ces mots,
la vieille disparut,
et Belle Étoile resta toute triste.
Quand la nuit tomba, les deux frères de Belle Étoile revinrent,
et ils la trouvèrent mélancolique.
Ils voulurent connaître la cause de sa tristesse.
Alors elle leur raconta tout ce qu’elle venait d’apprendre,
et quand il l’ entendit, Grand Soleil voulut aussitôt aller chercher les trois objets,
l’Oiseau qui dit la vérité,
l’Arbre qui chante
et l’Eau qui danse.
Le lendemain Grand Soleil partit.
Mais avant de partir, il donna à sa sœur un petit poignard bien poli
et lui dit que ce poignard brillerait tant qu’il resterait en vie,
mais qu’il se couvrirait de sang si il était tué ou blessé.
Puis, sans plus tarder, il se mit en route.
Il chevaucha sans repos ni trêve, ne s’arrêtant que pour dormir.
Il chevaucha ainsi une année entière,
jusqu’au moment où il trouva une montagne.
Au pied de celle-ci se trouvait un vieillard
à la barbe si foisonnante qu’on ne distinguait plus son visage.
Grand Soleil lui demanda où se trouvait l’Oiseau qui dit la vérité,
l’Arbre qui chante et l’Eau qui danse.
Le vieil homme lui répondit
mais sa barbe était si touffue que ses mots s’y perdaient.
Alors Grand Soleil eut pitié de ce misérable vieillard et, sans le blesser,
il lui coupa cette barbe surabondante.
Dès que la barbe fut coupée, il comprit les mots du vieillard, qui lui dit ceci :
« Renonce au projet qui t’amène ici,
car personne n’a jamais pu s’emparer de ces trois objets.
De tous ceux qui t’ont précédé, aucun n’est revenu.
L’Oiseau qui dit la vérité se trouve sur cette montagne.
Il niche sur l’Arbre qui chante
et se nourrit de l’Eau qui danse.
Il est facile de les voir, mais ce qui est presque impossible
c’est de parvenir à eux sans avoir peur.
Ils sont défendus par des pierres noires
qui poussent des cris effrayants,
et plus on s’approche d’eux, plus ces pierres sont nombreuses,
et plus ces pierres sont furieuses.
Lorsqu’elles crient, il ne faut pas en avoir peur,
ni vouloir rebrousser chemin,
sinon, on est changé soi même en pierres noires pour toujours.
Personne n’y est parvenu.
C’est pourquoi je te mets en garde, toi qui m’as été secourable.
Grand Soleil le remercia,
mais ne voulut pas renoncer.
Il s’avança vers la montagne.
Il passa tout prés d’une pierre
et il l’entendit murmurer.
Il sentit la peur le gagner
mais il ne ralentit pas sa marche.
Une seconde pierre se mit alors à murmurer.
Il continua à marcher.
Alors toutes le pierres se mirent à murmurer, à gronder, à l’insulter.
L’une des pierres lui cria :
« Regarde derrière toi ! ».
Il se retourna, effrayé,
et il fut aussitôt transformé en pierre noire,
noire comme toutes les autres pierres.
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Depuis qu'il était parti, son frère et sa soeur s'inquiétaient.
Chaque matin ils regardaient le poignard que Grand Soleil avait laissé.
Chaque matin ils le trouvaient brillant, comme s’il était neuf, et cela les réconfortait.
Mais ce jour là, en le voyant, ils ont compris ...
Ils ont compris que Grand Soleil ne reviendrait plus parmi eux,
car son poignard était ensanglanté.
Petit Soleil partit à son tour en quête des trois objets,
mais il laissa à Belle Étoile un chapelet,lui disant :.
tant que les perles glisseront, je serai en vie,
mais si les grains ne glissent plus, tu sauras que je suis mort.
Comme son frère il chevaucha sans arrêt pendant une année.
Comme son frère il rencontra le vieillard
qui lui dit où se trouvaient les trois objets
mais lui répéta ce qu’il avait dit à son frère.
Sans hésiter Petit Soleil se dirigea vers la montagne.
Une première pierre gronda.... il ne ralentit pas.
Deux pierres se mirent à crier,
il continua de marcher
mais sentit la peur le gagner.
Quand brusquement, tout près de lui, quatre pierres se mirent à hurler.
Il se retourna pour les voir.
Il fut aussitôt transformé en pierre noire, comme les autres.
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Depuis qu’il s’en était allé, sa sœur se rongeait d’inquiétude.
Chaque jour elle faisait glisser les grains brillants du chapelet,
et chaque jour les grains glissaient.
Mais ce jour là, ils se sont arrêtés.
Alors elle a compris qu’il était mort.
Elle était maintenant seule, et vraiment trop malheureuse.
Elle décida de partir à son tour,
pour savoir où et comment ses deux frères avaient disparu.
Et elle voulait aussi savoir où se trouvaient les trois objets.
Elle chevaucha sans arrêt pendant une année avant de trouver le vieillard.
Celui-ci, quand il l’a vue, a tout de suite deviné qu’elle était la sœur des deux cavaliers précédents.
Quand elle lui a demandé s’il avait vu passer ses frères et où étaient les trois objets,
il lui a dit tout ce qu’il savait.
Alors Belle Étoile a compris
qu’elle ne pouvait agir ainsi qu’avaient agi ses frères.
Regardant autour d’elle, elle vit butiner des abeilles.
Elle courut jusqu’à leur ruche, prit de la cire pour bien se boucher les oreilles.
Lorsqu’elles furent bien bouchées,
pour qu’aucun bruit ne puisse entrer et la troubler,
elle s’avança vers la montagne.
Les pierres noires se sont mises à murmurer, gronder,
puis tempêter, se gonfler de colère, hurler même.
Elle n’en fut pas effrayée.
Elle entendait si faiblement leurs clameurs
que leurs menaces la faisaient sourire.
Elle aperçut alors un oiseau sur la branche d'un arbre.
L’oiseau aussi se mit à la menacer à mesure qu’elle s’approchait de lui.
Mais elle l’attrapa,
et à partir de ce moment là....
l’oiseau cessa de crier
et toutes les pierres se sont turent.
Alors l’oiseau se mit à parler.
Il lui conseilla de se déboucher les oreilles :
puisqu’elle l’avait pris, il ne crierait jamais plus,
car il était devenu devenu son serviteur.
Il lui expliqua comment faire pour emporter les deux autres objets :
il fallait couper une branche de l’arbre,
de cet Arbre qui chante mieux que mille musiciens ensemble.
Cette branche, elle devrait la replanter,
pour qu'apparaisse un nouvel arbre, pareil à celui de la montagne.
Puis elle devait aller chercher au fonds du puits, tout à côté,
un peu de l’Eau qui danse, et l’enfermer dans une gourde.
Une gourde suffirait, car cette eau pouvait se multiplier autant de fois qu’on voulait.
Et cette eau pouvait ressusciter tous ceux qui étaient pétrifiés.
Belle Etoile prit une branche de l’arbre qui chante,
un peu de l’eau qui danse,
puis partit à la recherche de ses frères transformés en pierres.
Ne pouvant savoir où ils se trouvaient,
elle ressuscita toutes les pierres de la montagne.
Se leva alors une foule immense :
des princes, des aventuriers, des gens venus de tous les continents.
Et parmi eux étaient Grand Soleil et Petit Soleil,
et tous trois rentrèrent chez eux.
Dans leur maison, ils rapportaient ce qu’ils étaient partis chercher :
l’Eau qui danse, qui remplit le bassin,
l’Arbre qui chante, lequel grandit au milieu du jardin,
et l’Oiseau de Vérité, qui se percha sur la fenêtre.
Ainsi leur demeure fut parfaite,
plus parfaite que ne le sera jamais aucune maison au monde.
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Quelques jours après leur retour,
Petit Soleil et Grand Soleil partirent chasser dans la forêt.
Ils y rencontrèrent le roi et se prosternèrent devant lui.
Quand il les fit se relever....
le roi fut troublé par les soleils qui resplendissaient sur leurs fronts.
Il les invita à la chasse.
Grand Soleil tua un tigre,
Petit Soleil tua un ours
et le roi tua un lion.
Le roi se sentit si heureux en leur compagnie
qu’il pria les jeunes garçons de l’accompagner dans son palais.
Mais ils ne voulurent pas s’y rendre avant d’en avoir parlé à leur sœur.
Ils rentrèrent donc chez eux
et racontérent à Belle Etoile ce qui venait de se passer.
Elle interrogea l’oiseau :
« N’est-il pas mauvais que mes frères se rendent ce soir chez le roi ? ».
L’oiseau répondit :
« Qu’ils y aillent,
mais qu’ils invitent en retour le roi à leur rendre visite ».
Le soir même les deux frères se rendirent au palais du roi.
Encore une fois le roi se sentit si heureux en leur compagnie
qu’il voulut les garder auprès de lui.
Mais il était déjà tard.
Les deux frères lui demandèrent la permission de s’en aller,
et l’invitérent à venir le lendemain dans leur maison.
Le lendemain, ils préparèrent la maison pour leur invité,
mais Belle Etoile ne savait pas que préparer pour le dîner.
Elle demanda à l’oiseau :
« Que faut-il préparer pour le roi ? ».
L’oiseau lui répondit:
« Servez lui trois courgettes que vous farcirez de bijoux,
mais sans que cela se voie,
et sans dire que vous l’avez fait ».
Elle fit ce que l’oiseau avait dit.
Quand le roi arriva, il vit Belle Etoile.
Elle ressemblait tellement à la reine ....
qu’il ne put en croire ses yeux.
Et tout de suite après il vit, dans le bassin, l’Eau qui danse,
si éblouissante, qu’il en était encore plus surpris.
Puis il entendit le murmure de l’Arbre qui chante,
il chercha où peuvaient bien se cacher ces musiciens si délicieux,
mais il ne put les découvrir.
Enfin il entendit l’Oiseau qui les invita à manger.
Au comble de l’étonnement, il s'avança et s’assit à la table.
Belle Etoile lui servit alors les courgettes.
Elle en plaça trois dans l’assiette du roi.
Il voulut manger la première : elle était remplie de perles !
Il voulut manger la seconde : elle était remplie de rubis !
Il voulut manger la troisième : elle était remplie de diamants !
Il demanda pourquoi on avait mis ces perles, ces rubis et ces diamants
dans des courgettes ordinaires.
Les jeunes gens répondirent qu’ils ne les y avaient pas mis.
Le roi ne voulut pas les croire.
Alors l’oiseau de vérité prit la parole et dit :
« Majesté, vous ne pouvez pas croire
que ces trois courgettes puissent contenir ce trésor.
Mais en d’autres temps, vous avez bien voulu croire
que votre épouse avait pu accoucher d’un chien,
d’un chat et d’un morceau de bois !
L’un et l’autre prodiges sont impossibles,
et si l’on vient de vous tromper cette fois,
c’est pour vous montrer qu’on vous a trompé autrefois,
quand on vous a dit des mensonges ».
Et l’oiseau lui a raconté tout ce qui était arrivé
depuis le jour de son mariage jusqu’à ce jour.
Le roi a vu que ces paroles étaient la pure vérité,
que ces enfants étaient les siens,
et qu’il avait été trompé.
Et les enfants aussi ont compris, en entendant l’oiseau,
qu’ils étaient les enfants du roi.
Alors ils s’étreignirent, pleurant et riant.
Le roi les emmèna au palais.
Il fit empaler les trois femmes qui avaient causé son malheur,
puis il courut sur la grande place,
il ouvrit la cage où était enfermée sa femme.
Le temps l’avait, étrangement,
gardée aussi jeune et belle qu’au jour où il l’avait connue.
Il se jetta à ses genoux, la pria de lui pardonner,
et lui montra ses enfants.
Il se sentit si misérable de s’être ainsi laissé tromper
que, lui-même, il se condamna à avoir la tête tranchée.
Le bourreau fut bien obligé de lui obéir.
Il frappa le roi de sa hache,
mais en touchant le cou du roi,
la lame se brisa comme du verre.
Il dut s’y reprendre à trois fois.
Avec chaque fois des haches plus solides.
Mais toutes se brisèrent.
Alors son épouse,
et ses fils,
et sa fille,
et le peuple tout entier,
le supplièrent de vivre encore et de continuer à régner.
Le roi se laissa fléchir
et il y eut ce jour là une fête plus magnifique que jamais.
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