- Conte breton - Katula Le douanier -
Katula Le douanier
(Conte breton)
Il y a longtemps, en Bretagne, vivait un douanier très redouté.
Les contrebandiers l’avaient en horreur
à cause de tous les mauvais tours qu’ils leurs avait joués.
Mais aussi tous les gens le craignaient car,
dès qu’il rencontrait quelqu'un la nuit, il lui sautait dessus en criant :
« Qu’as-tu là ? »,
et c’est pourquoi on l’appelait Katula.
Une nuit d’hiver,
alors que Katula faisait sa tournée,
il rencontra un homme d’allure sinistre.
Avant qu’il ait eu le temps de lui demander « Qu’as-tu là ? »
l’autre lui avait crié:
« Bonne nuit, Katula, où cours-tu si vite ? ».
Katula était vexé car surpris :
en général c’est lui qui surprenait les gens.
Cette fois c’est lui qui voudrait se sauver, aussi il répond :
« Je suis pressé » et il s’éloigne.
Mais l’inconnu riposte : « Moi aussi ! » et il lui emboîte le pas.
Le douanier marche plus vite, espérant le semer.
Impossible, l’autre le suit de près.
Katula saute une haie
et s’arrête au détour d’un chemin creux,
l’autre est toujours là.
Et il avait une drôle de tête :
des yeux brillants,
un visage aussi maigre qu’une vieille épave,
une bouche grimaçante.
Comment faire pour s’en débarrasser ?
Katula veut s’allumer une pipe,
cherche dans ses poches,
et s’aperçoit qu’il a oublié son tabac.
« Vous n’avez pas de tabac, dit l’autre, qu’à cela ne tienne,
voici ma blague, elle est pleine de tabac de fraude ».
Le douanier croit devenir fou de colère,
mais bourre quand même sa pipe.
L’autre fait de même,
puis pose son doigt sur le tabac, aspire,
et tout de suite sa pipe est allumée.
Katula commence à être très effrayé,
mais comme il a aussi oublié ses allumettes,
il doit accepter que l’autre lui allume sa pipe en y posant le doigt.
C’est alors que Katula comprend :
cet inconnu, c’est le diable !
Katula se remet à marcher.
L’autre le suit.
Sur le chemin ils rencontrent un paysan qui se débat avec un énorme cochon.
Le paysan veut le faire aller d’un côté, le cochon veut aller de l’autre.
« Mauvais cochon, crie le paysan, tu me fais damner !
Que le diable t’emporte ! ».
Katula se dit que c’est une bonne occasion de se débarrasser du diable :
« Vous entendez ?
Il vous fait cadeau de son cochon, prenez-le donc !
– Non, je n’en veux pas,
ce n’est pas de bon cœur qu’il me le donne.
– Mais c’est bon, du lard avec des choux.
– Non, non, j’espère trouver mieux. »
Ils marchent encore et arrivent dans un village.
Ils entendent les cris d’un enfant,
et de sa mère qui se fâche :
« Petit monstre ! Que le diable t’emporte !
– Vous entendez, dit Katula, elle vous donne son enfant, prenez le donc !
– Non, répond le diable, cet enfant n’est pas donné de bon cœur,
j’espère trouver mieux ».
Ils continuent à marcher et longent maintenant le bord de la mer.
Au détour d’un chemin, ils se trouvent face à face avec trois contrebandiers.
Les contebandiers aperçoivent Katula.
L’un crie :
« C’est Katula ! Sauvons-nous ! »
– Les autres crient :
« Encore lui ! Ah le gredin, que le diable l’emporte ! ».
Alors le diable saisit katula en lui disant :
« Cette fois, le cadeau est fait de bon cœur ! Je l’accepte ! ».
Alors le diable a emporté le douanier sous son bras,
et on ne l’a plus jamais revu.