Il faut sauver la mère d' Autruchette !
Nous sommes tous d'accord : il faut sauver Autruchette.
Mais qu'allons-nous faire de sa mère Autruche ?
Écoutons Mima :
· Tout d'abord, kasimir, je prends le parti de l'autruchette, et si on ne le fait pas clairement au départ, on ne peut pas l'aider vraiment. On ne peut pas ménager et la chèvre et le chou... même
m si l'autruche a de bonnes raisons d'être ce qu'elle est !
Les paroles fausses de la mère, l'enfant les perçoit, les ressent...Et si la mère "nourricière" est amère, comment apprécier ce qu'elle propose ? cela ne passe pas !
· Mima me précise :
nOn ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs, kasimir !
Pour y voir plus clair dans ce magma des relations intra-familiales, il faut d'abord effectuer un travail de séparation. Dans l'idéal le mieux serait que l'autruche et l'autruchette se fassent aider, mais pas avec la même personne.
On ne peut blanchir tout le monde.
Cette critique de Mima est des plus sérieuses.
Comment te répondre Mima ?
Si thérapie il y a, il est évident que ce ne peut-être par le même thérapeute, car celui qui va aider Autruchette ne sera au service que d'elle , et de personne d'autre,
C'est une aventure à deux, strictement, et totalement secrète.
Libre à Autruchette d'en parler : elle, elle est totalement libre de le faire, et même d'en faire un livre si elle veut, mais elle est la seule à avoir ce droit.
Ceci est absolu.
Et en ce sens le thérapeute "prend le parti exclusif" d' Autruchette.
Faut-il que l'Autruche se fasse soigner ?
C'est un autre problème.
C'est son affaire.
Elle le fait ou ne le fait pas, c'est son choix, donc sans aucune importance pour Autruchette !
Ce qui est important pour le sujet, ce n'est pas tant de "guérir" sa mère, que
de transformer l'image de sa mère
qu'elle porte en elle.
C'est si vrai que nous pouvons imaginer la situation où le mère est déjà morte.
Autruchette va-t-elle être délivrée pour autant ?
Absolument pas !
Elle sera toujours aussi coincée par ce personnage de la mère qu'elle porte en elle. Et elle aura le même travail de "guérison" de sa mère à effectuer, ou en d'autres termes le même travail de restauration de l'image de sa mère.
Le langage religieux est intéressant là : cela correspond au moment où le défunt, qui purgeait ses "fautes" au purgatoire, en sort pour "monter au ciel" !
Le purgatoire il est en nous .
Quand nous "guérissons " l'image de nos parents en nous,
nous les faisons monter au ciel .
Et alors le ciel est nous.
Si j'accable mes parents, les considérant comme irrémédiablement coupables, je les condamne à l'enfer éternel, et je vais toute ma vie porter cet enfer en moi, pour y faire rôtir mes parents !!!
Crois-tu que je puisse jamais accéder au bonheur de cette façon ?
Si je parle un instant de moi, je te dirai que ma mère ( à qui j'ai reproché bien des choses !) est morte depuis de nombreuses années.
Mais aujourd'hui même, à l'instant où je te parle, j'ai absolument besoin que ma mère m'aime, ou dit autrement, de sentir en mon coeur la présence de ma mère qui m'aime.
Je ne puis m'aimer sans cela !
Je m'aime quand ma mère, que je porte en moi, m'aime.
Si le but est de restaurer l'image de la mère,
il ne servirait à rien de l'accabler,
en espérant que cela va soulager la fille.
Ce déplacement des culpabilités est vain,
et il est même satanique,
car le but n'est pas de trouver le ou les coupables,
mais de sortir totalement et définitivement
de ce monde de la culpabilité.
Là où règne l'amour , il n'y a plus aucune culpabilité.
La seule chose nécessaire est de comprendre.
Et que va t'on comprendre ?
Là Jackie est venue à mon secours !
Voici ce qu'elle écrit :
Ce conte est tellement beau, tellement dur, tellement vrai !
La maman a tellement soif d'Amour qu'elle dévore son enfant..
L'enfant a tellement soif d'Amour qu'il est prêt à tout
y compris se détruire pour être aimé...
Vois, Mima, cette tête d'enfant.
Ce n'est pas Autruchette, c'est sa mère petite !
Elle a été une petite fille elle aussi.
Elle a ressenti le manque d'amour.
On n'a pas fait attention à elle.
Elle n'avait personne à qui parler, à qui se confier.
Personne... Personne !!!!
Elle s'est sentie abandonnée.
Dans un monde vide d'amour.
Elle a hurlé de terreur.
Et elle a cru en mourir.
Ce pourrait-être aussi ma mère.
Quand elle avait 3 ans, sa mére est morte.
Son père, qui buvait trop, l'a pratiquement abandonnée.
Elle et sa soeur.
Sa soeur a été recueillie par une tante.
Ma mére par ses grands parents maternels, gens très sévères.
Ma mère a tout perdu ce jour là !
Alors Mima, ces filles, profondément mal aimées, elles ont grandi.
Un jour leur corps s'est transformé.
Le désir de l'homme est arrivé.
Comme le Beaujolais nouveau, il les a énivrées.
Et une espoir fou a rempli leur coeur.
Elles allaient enfin s'échapper de cette famille décevante
et s'enfuir avec le Prince Charmant.
Elles allaient se donner à lui sans réserve,
et lui allait les inonder d'amour.
Hélas, l'illusion a duré à peine le temps qu'une rose met à se faner.
Elles se sont retrouvées (souvent, pas toutes heureusement)
avec un homme grossier, égoïste, jouisseur,
et jaloux en plus
avec un instinct de propriétaire, soupçonneux....
et là elle se sont senties prise définitivement prise au piège.
Evanouie la tendresse !
En se mariant, elles avaient joué leur Joker.
Il restait quoi après ?
Et bien...
de nouveaux jokers sont arrivés...
entre leur jambes !
leurs enfants !
Alors leur avidité d'amour s'est réveillée,
a décuplé,
une pulsion irrésistible est montée en elles,
que désigne si bien Jackie :
La maman a tellement soif d'Amour qu'elle dévore son enfant..
Revenons à Autruchette.
Pas question pour elle de se laisser dévorer !
Elle doit être là dessus inflexible ....
Sa vie, c'est elle qui la gère. Pour elle, pas pour sa mère.
Mais pas question non plus d'accabler sa mère.
Bien plutôt de comprendre combien elle a souffert.
Peut elle expliquer à sa mère tout ça ?
Qu'elle doit se libérer du passé, et patati et patata....
Bien sûr que non.
La seule chose qu'elle puisse faire pour sa mère,
c'est de lui donner un exemple vivant,
l'exemple d'une femme se libérant des entraves du passé.
Pas un discours, mais un exemple.
Vois, maman, on peut le faire : je le fais.
Mais je sais combien tu as a souffert, ma petite maman,
et je t'aime !
mais ne me demande pas d'être un pansement sur tes plaies.
Cela est impossible !
Ce que tu n'as peut-être pas réussi moi je vais le réussir :
être une femme libre.
Et tu pourras t'en réjouir, et ta plaie sera guérie.
Pardon Mima, j'ai été un peu long.
Je m'arrête.