Conte de la Princesse Elisa - Les symboles - Une formulation lumineuse de Ptitsa -
A l'époque où j'avais dit ce conte en public
(dans d'étranges circonstances) ,
Lulu m'avait fait une remarque :
pourquoi le troisième a-t-il été choisi ?
Il ne fait après tout que suivre les conseils de la fourmi.
Les deux premiers ne sont pas antipathiques.
Ils ont seulement été mal conseillés.
Une idée m'est alors venue :
on pourrait raconter autrement cette histoire.
Ce serait le même homme qui se présenterait les 3 fois.
Deux fois rejeté, il serait accepté la troisième.
Pourquoi ?
La première fois, il suit les conseils de l'aigle.
L'aigle, oiseau puissant, est le symbole de l'esprit.
D'un esprit brillant et dominateur.
Ce rapace voit tout, contrôle la situation.
Il représente l'intelligence, la conscience claire, la volonté,
la puissance et le pouvoir (du César romain, de Napoléon).
Il est lié au soleil
qu'il peut, selon la légende, regarder en face.
Il représente les pensées "élevées", "spirituelles", religieuses.
Ainsi Bossuet était dit "l'aigle de Meaux".
Élisa repousse cet homme orgueilleux,
paré de toutes ces plumes là.
La somptuosité du plumage ne l'inspire pas.
La deuxième fois, l'homme chevauche un poisson.
Le poisson est lié à l'élément eau
et à ses profondeurs mystérieuses.
Il est lié au monde de l'inconscient,
à tout ce qu'on ne voit pas.
Les profondeurs de la mer abritent des monstres,
des forces redoutables et incontrôlées.
Il symbolise toutes les forces instinctuelles.
Il est une image phallique incontestable.
Saint Martin remarquait qu'en lui,
la tête n'était pas séparée de la queue !
Cet homme là, Élisa n'en veut pas non plus.
La troisième fois, l'homme se fait aussi petit qu'une fourmi.
La fourmi vit sur la terre, cachée dans les herbes,
les brindilles, les feuilles en décomposition.
C'est-à dire l'humus.
Elle est donc le symbole de l'humilité.
C'est cet homme modeste qu'Élisa se choisit pour époux.
Si ce conte était un conte Bambara,
la fourmi renverrait à une signification sexuelle
car pour les Bambaras, la fourmilière est le symbole....
du mont de Vénus !
Et comme notre homme, transformé en fourmi,
était déjà monté jusqu'à la jarretière....
il lui aurait suffi d'un petit effort....
Mais ce n'est pas un conte Bambara... Dommage !
Mais voyez maintenant le lumineux commentaire
qu'un colibri vient de m'envoyer :
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Pour pouvoir (se) donner,
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il faut être déjà porteur d'amour
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et non attendre de l'autre qu'il nous remplisse
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comme une outre assoiffée...
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sinon, c'est le début de l'engrenage fatal :
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désillusions, reproches, amertumes...
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Génial Colibri !
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Comme s'est bien dit en si peu de lignes !
C'est bien le drame de beaucoup des couples qui se forment : -
l'un demande à l'autre de lui apporter ce qui lui manque :
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un supplément d'être.
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Mais l'autre demande à l'un la même chose.
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Fais-moi grandir , dit l'un à l'autre.
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Fais-moi grandir , dit l'autre à l'un.
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Le challenge est risqué.
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Si l'immaturité affective des deux est trop grande,
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la désillusion est certaine pour les deux.
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Un fossé d'incompréhension va se creuser,
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laquelle ne sera jamais explicitée.
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Il faudrait que chaque membre du couple
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ait déjà acquis la capacité de vivre seul.
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Qu'il ne craigne pas la solitude.
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Mais dans les faits, cela est si rare.
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Heureux sont les couples où l'entraide, entre les époux, permet à chacun de franchir les étapes de la maturation, qui va rendre chacun capable de vivre seul.
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C'est alors, et alors seulement, que le " don " de soi à l'autre devient possible.
Don qu'une personne libre fait à une autre personne libre.
Où personne ne "possède" l'autre.
Ne le contrôle, ne le surveille.
Il faudrait pour cela que chacun ait déjà accompli ses noces intérieures....
Pas facile. Mais pas impossible.
Bon courage à chacun.