- Sète - 11 - Montagne de la Gardiole - Agave - Bauxite - Éoliennes -
Mille excuses pour mon absence
j'ai fait roue libre quelques jours devant un feu dans la cheminée..
Je reprends mon reportage dans la région de Sète,
reportage qui va bientôt s'achever.
Aujourd'hui, pouvoir de l'imagination,
nous montons vers les monts de la Gardiole.
Les pentes sont modestes
mais nous voici en pleine garrigue,
rôtie par le soleil, inondée de chaleur,
et tout est si sec...
je me demande :
où donc les plantes trouvent-elles l'eau nécessaire à la vie ?
Ah, voici une agave.
Les agaves ne manquent pas par ici.
Mais celle-ci se fait repérer par sa magnfique hampe florale.
Cette hampe réalise à elle seule un arbre !
C'est une fleur-arbre !
Elle est, dans sa magnificence,
comme une réponse à mon inquiétude.
Elle semble me dire :
l'eau est là.
Tu crois qu'il te faut une surabondance d'éléments pour vivre.
Mais non.
Peu suffit.
Simplement il faut aller chercher l'eau dans les profondeurs du sol
et ne pas la gâcher comme tu le fais,
humain comblé et dépensier,
qui dilapide les trésors de la nature.
Je touche ses feuilles puissantes, aiguës comme des épées.
Cette agave,
dont la famille est très proche de celle des liliacées,
(et donc une sorte d'amaryllis géante)
m'impressionne :
elle ne fleurit qu'une fois,
puis elle meurt.
Il lui a fallu plusieurs années de patience
pour préparer cette superbe fleur
qui peut atteindre 8 mètres de haut..
Elle mérite bien son nom d'agave,
qui vient d'un mot grec signifiant " admirable".
Elle, et aussi toutes les plantes "grasses",
nous donnent une leçon de sagesse qu'il nous faudra méditer.
***
Notre guide
a quelque mal pour reconnaître son chemin,
parmi les broussailles et les rochers.
C'est que nous avons décidé de retrouver ,
dans cette zone sauvage et quasi déserte,
que l'on peut même dire abandonnée,
( nous ne verrons pas un seul être humain
tout au long de la balade ! )
nous avons décidé de retrouver et d'explorer
une ancienne carrière de bauxite.
Nous sommes là, au dessus de Mèze,
dans le secteur de Loupian-Villeveyrac.
Ah, voici de la terre rouge.
Nous sommes sur la bonne piste.
Un petit rappel géologique s'impose.
La croûte terrestre sur laquelle nous marchons en ce moment
a, en moyenne, 45 km d'épaisseur.
Elle est faite essentiellement de deux sortes d'atomes :
des atomes d'oxygène : 47 %
et des atomes de silicium : 28 %
Oxygène et silicium sont deux métalloïdes.
L'oxygène étant très réactif, ses atomes vont s'unir au silicium
pour former un oxyde de silicium : Si O2
que l'on appelle la silice, ou si vous préférez, du sable.
Les éléments les plus abondants qui viennent ensuite
sont deux métaux :
l'aluminium : 8 %
et le fer : 5 %.
Mais me direz-vous : c'est quoi la bauxite ?
Patience, nous y arrivons !
Regardez d'abord la couleur variable de la terre.
Elle est bien instructive.
La bauxite est une roche latéritique.
Qu'est-ce que cela veut dire ?
La latérite est une roche rouge qui se forme
par une altération des roches sous les climats tropicaux
en milieu continental.
Et bien ce fut le cas ici.
Voici 500 millions d'années (c'était au Crétacé)
régnait dans cette région un climat tropical.
Si bien que, sous l'effet conjugué de la chaleur et de l'humidité,
les deux métaux, l'aluminium et le fer, ont été oxydés,
et qu'ainsi se sont formés deux oxydes :
de l'oxyde d'aluminium : Al2 O3, qui est l'alumine
et de l'oxyde de fer : Fe2 O3.
Ces deux oxydes sont donc mélangés.
Plus il y a d'oxyde de fer et plus le mélange est rouge.
L'oxyde d'aluminium ( l'alumine ) est, lui, blanchâtre.
Pourquoi appelle-t-on cette roche bauxite ?
Parce qu'elle a été découverte pour la première fois,
en 1821, aux Baux de Provence.
Ensuite on en a trouvé dans les départements voisins :
le Var, où l'exploitation a commencé en 1860.
Il y a des filons de bauxite dans le Massif de la Sainte Baume,
cher à notre ami Ramon.
On en a trouvé dans l'Ariège.
Et beaucoup dans l'Hérault, en particulier vers Bédarieux.
Cette fois nous approchons de la carrière
car des falaises apparaissent.
L'exploitation de ces gisements français de bauxite,
qui est donc un minerai d'aluminium,
s'est d'abord beaucoup développée.
Essentiellement dans des carrières à ciel ouvert.
Les galeries souterraines ont été très rares.
Mais d'autres gisements ont ensuite été découverts
un peu partout dans le monde,
surtout en Afrique (Guinée...)
en Amérique latine (Brésil...)
en Australie.
Une concentration de 16 % en alumine étant un seuil minima
pour qu'une exploitation soit possible et rentable.
Peu à peu les mines françaises ont été abandonnées.
La dernière a été fermée en 1990.
Mais voyez,
nous arrivons maintenant près du centre de la carrière.
L'extraction s'est faite jusqu'à la nappe phréatique.
Nous descendons jusqu'à elle par un chemin escarpé.
Un lac étrange s'est formé au fond...
D'un bleu si soutenu qu'il en est inquiétant.
Nous ne nous sentons pas bien à l'aise.
Comme si nous avions violé, là, les entrailles de la terre.
Nous avons quitté cette zone
encore plus difficilement que pour y parvenir
car, espérant un trajet plus aisé,
nous avons voulu prendre une petite route au nord.
Ce fut le contraire :
cette petite route était barrée en plusieurs points
et sur toute sa largeur, par des élévations de terre
afin de la rendre impraticable
et ainsi interdire l'approche de la carrière.
Site dangereux ?
Il en faut plus que ça pour nous arrêter,
même sans 4X4 !
L'exploitation de la bauxite est-elle terminée en France ?
Pas tout à fait.
C'est justement à Villeveyrac que se trouve, en France,
la dernière mine de bauxite.
Une concession de 25 ans ayant été accordée en 2012.
Même si la bauxite extraite dans cette mine
ne sera pas utilisée principalement pour la production d'aluminium
mais pour la fabrication de ciments spéciaux.
***
Se promener ensuite dans la montagne elle même
fut un vrai plaisir.
Une libération !
Comme ils sont beaux et apaisants ces paysages !
Ces arbres sont probablement des chênes verts,
des yeuses, en occitan,
mais je ne connais pas du tout la flore méditerranéenne.
Plus haut se dressent des antennes.
Relais d'ondes ?
Plus loin on aperçoit une ribambelle d'éoliennes.
Plusieurs dizaines.
Elles sont un peu au delà de la Gardiole,
plus précisément dans les Monts de la Moure,
lesquels font partie des Causses d'Aumelas.
Certains voudraient nous persuader
que ces modernes moulins à vent sont affreux
et défigurent les paysages.
Ce n'est pas du tout mon avis.
J'admire au contraire ces constructions.
Elles se dressent fièrement dans ces zones désolées.
On les voit depuis Sète
et leurs feux brillent dans la nuit comme des étoiles à l'horizon.
Je les trouve réellement belles par leurs lignes pures.
Aussi par la simplicité de leur fonctionnement.
Les regarder me fait le même effet
que de lire un psaume écrit pas David il y a 3000 ans.
Ce sont des hommages humains dressés vers les vents.
Or, ici, ils soufflent fort et souvent, les vents...
Et il ne faudrait pas les utiliser ?
Décidément les écolos sont des êtres bizarres.
Si on les écoutait
il ne faudrait ni centrales nucléaires,
ni barrages...
il ne faudrait pas non plus d'éoliennes .....
Quoi alors ?
des centrales à charbon ou à fuel ?
Quand on parle "production d'énergie",
ils répondent : économisons là.
Oui, bien sûr, il faut l'économiser.
Mais avant de l'économiser, il faut la produire.
Or, pour la produire, ils n'ont rien à proposer.
Absolument rien.
Ils sont contre tout.
A croire que nos " Verts "
bien qu'ils ne soient pas des haricots,
ne sont bons que pour " produire " des discours.
Et aussi pour se chamailler
comme des gamins à la puberté.
Je me demande : ont-ils jamais bêché un jardin ?
Ils n'ont jamais produit autre chose que du blablabla.
Sinon quoi ?
Qu'on me le dise.
Merci d'avance, car j'aime apprendre.
Pardon de terminer sur cette note polémique
mais j'avais envie de le dire :
ils me hérissent les plumes.
***
Ah...
j'aurais pu vous en dire plus à propos de la flore
Mais nous n'avons pas vraiment exploré la Gardiole,
qu'on appelle le poumon vert de la région.
Nous n'avons exploré (un peu) que son extrémité Ouest,
particulièrement aride.
Une autre fois peut-être, nous pénètrerons le massif forestier,
habité de chevreuils, de sangliers, de renards
j'aurais pu vous parler d'un centre de Sauvegarde
que la LPO a ouvert très récemment (en juin 2012)
et qui justement se situe sur la commune de Villeveyrac.
Ce centre a reçu 1600 pensionnaires depuis janvier 2013,
de 120 espèces différentes.
vautours, faucons, aigles,
hiboux, petits ducs (très nombreux), chouettes,...
cigognes, flamants roses, aigrettes,
et de nombreux martinets
(qui arrivent en mars , venant d'Afrique du Nord)
mais aussi des mammifères :
renards, blaireaux, écureuils, genettes, chauves-souris...
J'aurais pu vous en dire plus à propos de la flore.
Mais c'est pour moi un domaine si important
que je me réserve pour une autre fois.
***
La semaine prochaine je vous parlerai des volcans dans cette zone.
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